La tradition déportée à Douala

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Publié le mardi 2 novembre 2010 13:52

C’est à la faveur de l’intronisation  du chef de la communauté Sessa Menguem de Douala samedi 30 octobre 2010 à Maképé Missokè.

17 h 15 minutes tapantes. C’est à cette heure précise que les attributs de chefs ont été  remis solennellement à Fo’o Sessa II Kemjio NGUIMJEU Etienne. Un moment historique. Le collège de chefs de 3^ème degré de Bassessa Menguem venus du village et conduit par Fo’o Nguetsop a d’un seul cœur et de toutes leurs mains réunies, déposé le bonnet sur la tête de Moho Kemjio NGUIMJEU Etienne avant de l’installer sur la chaise prévue pour la circonstance. L’arsenal d’armoiries traditionnels est constitué  de ce chapeau aux épines de porc épic, d’un grand sac appelé « Apa’a Mbo’oh », d’une chaise en bois à la sculpture singulière, le tout parés de cauris. Après le rituel d’usage réservé aux seuls chefs, le nouveau chef élu le 02 novembre 2009 a ainsi été intronisé au milieu de l’assistance. Il est le deuxième chef de la communauté Bassessa Menguem de Douala après le décès de Fo’o Sessa I NGUETSOP Jean Pierre dont le règne de 40 ans a marqué tous les esprits.

Des moments intenses

Malgré le retard accusé, cette cérémonie d’envergure a connu des moments d’intense  relaxation. En l’occurrence l’arrivée de l’Honorable Françoise FONING et son passage pendant les intermèdes musicaux ont arraché applaudissements et youyous de l’assistance. L’arrivée des chefs a connu les mêmes réactions à l’instar de celle de Fo’o NGUETSOP Mathias, Fozang Menguem DONTSOP Paul, Fo’o Nkong-Zem DONGHO Clément. Dès la venue du représentant du Sous-Préfet de Douala V^ème à 16 h et 20 minutes, le programme  peut alors se dérouler au pas de course.

La série de discours inscrits au programme s’ouvre par l’allocution de Moho Ndika Tsuete Fo’o KENFACK Gabriel le président du comité d’organisation. Il remercie toutes les autorités administratives et traditionnelles venues nombreuses. La présidente des femmes  quant à elle, met en exergue l’effectivité de la parité des genres dans la communauté Bassessa Menguem de Douala  dans son discours: « nous représentons le maillon central de la communauté et notre devise reste ’’un pour tous, tous pour un’’ » a-t- elle martelé sous un tonnerre d’applaudissements. Pour boucler cette série d’allocution, parole est donnée au Président de la famille Bassessa Menguem de Douala. La remise des trophées et des prix des tournois de football et de handball va suivre aussitôt avant le moment crucial.

L’intronisation proprement dite.

Instant solennel pendant lequel les chefs des autres sous-familles Bafou de Douala avec pour porte parole Fo’o Ndziih DONFACK F. tiennent à expliquer le rôle de substitution qu’ils jouent en l’absence du chef de la communauté Bafou de Douala, véritable et seul garant d’un tel acte. C’est la raison pour laquelle ils ont prié les chefs de 3^e degré de Menguem du village afin qu’ils viennent installer leur collègue. Fo’o NGUETSOP Mathias recommande au nouveau chef de conduire la communauté Bassessa  Mengem de Douala d’une main de maitre afin que ses fils et filles ne manquent de rien.  Recommandation aussitôt écoutée car dès son premier discours à la communauté dont il a désormais la charge, le nouveau chef a communiqué les grandes lignes de son plan d’action. La reprise immédiate des travaux de construction du foyer social de la grande famille Menguem de Douala. Entre autres axes, une gestion plus transparente des affaires sociales, économiques et culturelles de la famille, une meilleure intégration des jeunes. Un discours avant lequel le nouveau chef a  à son tour  procédé à l’installation de son ami dit « Sou Fo’o » en la personne de Fo’o Miagning TIOFACK Charles. Une séance de photos avec chaque groupe a bouclé cette articulation.

Avec la tombée de la nuit, l’on passera immédiatement aux séries de danses traditionnelles ouvertes par la danse du chef, « Ngouh fo’o ». Un arrêt que l’honorable FONING n’a pas boudé. Elle fait le tour de la cour avec les autres, au rythme des tam-tams et balafons.

Pour la réussite de cette cérémonie, la touche des partenaires a été de mise. MC 2 Bafou Centre, Invest Logistic, ETS TIOFACK CHARLES, pour ne citer que ceux-ci. Après la réception au foyer de la communauté Bassessa de Douala marquée par la remise des présents au nouveau chef, l’on se sépare avec des regards tournés vers un avenir certain autour du nouveau chef, Fo’o Bassessea II Kemjio NGUIMJEU Etienne.

 INTERVIEWS

Fo’o Sessa II Kemjio NGUIMJEU Etienne

« Je suis davantage impressionné par la foule venue ce jour »

Quelles sont vos réactions a la fin de votre intronisation ?

Je suis touché par les résultats du travail abattu par le comité d’organisation. La participation massive des autorités administratives et traditionnelles traduit la valeur qu’elles donnent à ce moment historique de la communauté Bassessa Menguem de Douala. J’en suis très satisfait.

Ma’a Nzunglah TSAWO Marthe

« Une journée mémorable »

Quelles sont vos impressions ?

La remise des attributs à notre nouveau chef et toute la fête qui accompagne cette cérémonie, constituent de la matière pour les générations futures. Un moment capital, historique, je suis très contente. Dans le comité d’organisation, nous avons beaucoup travaillé jusque très tard dans la nuit et nous sommes toujours rentrés en paix, preuve que Dieu est au contrôle !

Fo’o Ndziih DONFACK Fabien

« Nous ne faisons pas de bras de fer avec le Chef Supérieur Bafou »

Quelles sont vos impressions ?

C’est une réussite et je ne peux que m’en réjouir. L’affluence qu’on observe et les articulations du programme qui ont été respectées est un coup de maitre du comité d’organisation.

L’on a constaté que la communauté Bafou de Douala n’avait pas de représentant du Chef Supérieur. Qu’est ce qui est à l’origine de ce fait plutôt inhabituel ?

Comme je l’ai dit au cours de cette intronisation, selon notre coutume, le chef ne meurt jamais car il est aussitôt remplacé. Ici à Douala ça n’a pas été le cas et c’est le Chef Supérieur qui bloque les démarches. Normalement cela devrait être organisé ici mais depuis, c’est le silence absolu. Nous avons eu à entreprendre des démarches par le passé qui sont restées lettre morte. Maintenant nous attendons que le Chef nous donne la liberté afin que nous trouvions un autre représentant pour Douala ou alors qu’il le fasse de lui-même. Il est notre chef, nous n’avons jamais voulu le défier et nous lui devons tout le respect.

Et cette question de mandat. N’est-elle pas l’obstacle qui bloque tout ?

Il y a effectivement problème à ce niveau même si chaque problème a une solution. Nous n’avons pas accepté cette limitation de mandat et c’était au chef de décider après.

Un climat froid tout de même qui serait à l’origine de votre absence des récentes  manifestations organisées à la  Chefferie Supérieure au village …

Pas du tout. Nous lui avons toujours apporté notre soutien à chaque fois qu’il nous a sollicités. Au festival Lemoû 2009 par exemple, nous avons mobilisé tous les Bafou de Douala afin que notre contribution soit substantielle. Il est notre chef, nous ne faisons pas de bras de fer.

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