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Organisation des funérailles a Bafou

M Les funérailles désignent étymologiquement, les cérémonies qui accompagnent un enterrement ou les obsèques.

 

Chez les MBOUM-BAMILEKE en général et les BAFOU en particulier, les funérailles sont une manifestation culturelle, symbole de l’hommage rendu à un parent défunt. C’est donc un devoir de mémoire, un regroupement familial, un rendez – vous des retrouvailles pour ne pas dire une sorte d’exorcisme collectif et de bénédiction qui valorisent la culture du terroir.

Selon les grands-parents approchés et quelques rares comptes-rendus de funérailles des années 1950 – 1960 ; les funérailles à Bafou se réalisaient des décennies après les obsèques. Pour dire qu’après le deuil et la cérémonie de veuvage « lessoukfouck » ; il fallait attendre une bonne dizaine d’années pour « lever le crâne » du défunt « Lekoné tou’ofou’ou » et le béatifier ou célébrer « Aléjiètou’o fou’ou ». Le crâne ainsi oint rejoint les précédents parents défunts au sanctuaire familial. C’est alors que les funérailles pouvaient être programmées après l’exécution totale du testament du défunt et la résolution de tous les différends de la famille. Les funérailles ne peuvent être organisées pour un défunt dont l’un des parents vit encore.

Dès les années d’indépendance, tout s’est accéléré avec comme argument, le changement et la modernisation des mœurs. On est passé de quelques décennies à quelques années. Ainsi, aujourd’hui, nous sommes déjà rendus à la mode d’obsèques-funérailles où le défunt est enterré le jour précédent ses funérailles. Cette pratique, déjà interdite avec succès dans un village voisin de Bafou, est encore en cours chez nous au grand dam des puristes et grands défenseurs de la tradition qui devraient solliciter l’arbitrage du chef supérieur lui-même.

Or, en temps normal, le chronogramme des funérailles est classique. La famille tient une toute première réunion au moins six (06) mois et au plus un à deux ans avant. Puis se succèdent des assises préparatoires dont les plus importantes sont celles des belles – familles « Alézeuk metsé’è », assise au cours de laquelle sont négociés et fixés leurs contributions. Jadis, il fallait juste quelques francs symboliques. Aujourd’hui, il faut compter à partir de 40 000 F.CFA au moins, sans compter la liste des paniers du deuil « me-pfouck ». La réception des gens du quartier « A lé zeuk pou’ol éfou’ou » a lieu la veille des cérémonies pour les mobiliser dans le dispositif matériel et autre.

Dès lors, chaque membre de la famille mobilise à son niveau, les hommes et le matériel nécessaire. Chacun invite les réunions et groupes de danses dont il est membre; ses amis et belles-familles. Les réunions et groupes de danses exigent que leurs hôtes remplissent certaines conditions requises. Par exemple, pour inviter son clan d’âge de l’institution culturelle traditionnelle appelée Mendzong, , le membre invitant doit venir trois mois avant au plus tard muni d’un « ngouen’pà », pot de taro avec sauce jaune, d’un « mialéfou’kédon », grande marmite de kondrè, d’un « a ka’a méloug », grande calebasse de vin de raphia ou de palme aujourd’hui devenu casier de bières, vin rouge, whisky et autre. Ainsi tous les membres de son Medzong cotisent son « mekah », argent pour l’aider à payer la poudre à fusil. En fait cet argent l’aidera à bien recevoir son Medzong le jour des funérailles en plus de son aide et autres dons et legs obligatoires au sein du Medzong.

Notons tout de même que depuis longtemps, il y a toujours eu des cas « d’obsèques-funérailles ». Pour ces cas particuliers, soit le défunt était généralement sans enfant, ou avait des enfants encore trop jeunes, soit le défunt était mort pendant la guerre, ou d’une façon bannie par la société (accident, pendaison ou suicide, …). Dans notre cosmogonie, cette pratique faisait partie de l’exorcisme, pour dire « plus jamais cela dans cette famille ! » Mais force est de constater de nos jours que cette pratique tend à se généraliser, dans certains cas parce que la progéniture du défunt est acculturée et ne connait même pas les membres de la famille proche (oncles, tantes, …). Dans certains cas où les enfants du défunt sont aussi bien âgés (prêts à partir aussi) et donc on peut leur donner raison, on note que cette pratique reste pour beaucoup un débarras. Les obsèques-funérailles ne sont pas autant animées et respectueux de chronogramme que les funérailles faits des années après.

Si le(s) chef(s) doivent assister à ces funérailles, une délégation familiale se rend à la chefferie munie d’une grosse chèvre et de quoi porter le chef « A lé lok tuéfo », aujourd’hui appelé carburant et qui va d’une dizaine de milliers de francs à quelques centaines de milliers de francs cfa. Cette étape franchie, la famille apprête déjà où recevoir les chefs, généralement chez le chef du quartier. Prévoir un gros poulet ou un coq pour le Medzong, une grosse chèvre, du vin (bière, whisky, vin rouge, champagne et jus…..).

Si c’est toute la famille royale qu’ il faut inviter parce que le défunt est descendant direct de la chefferie, prévoir de grands sacs de sel, des chèvres et de l’argent en espèces en plus de la nourriture et du vin pour les femmes du chef qui vont exécuter la danse « kouàn mézui fo ».

Aujourd’hui, ce temps préparatoire se résume à inviter les danses et les réunions associatives traditionnelles, à confectionner et à distribuer les billets d’invitation et de demande d’aide.

Quelques jours avant le grand jour des funérailles, une à deux semaines environ, le sel est empaqueté en petites boules dans les feuilles de bananier passées sur la flamme et envoyé dans les différents sanctuaires du village «ngap ngouan messi» pour que les dieux assistent et veillent au bon déroulement des funérailles. Certaines autorités du village sont informées pour des modalités pratiques purement traditionnelles ; ce sont les « Mekem nze » pour prendre les dispositions de protection et de paix durant les funérailles. Pendant la saison pluvieuse, contacter le(s) « bruleur(s) » de pluie pour que la pluie ne dérange pas le déroulement des activités funéraires.

A deux ou trois jours du grand jour, les membres des Medzong vont au nord du groupement dans un lieu appelé Ngon Mefeuk, pour couper et rapporter les bambous de chine pour le « Akoup ». Si les funérailles concernent d’une défunte, les femmes âgées du quartier vont aux champs dessoucher les sissongos « Achouchoun » quelles enlèvent avec leur rhizome.

De nos jours, chaque quartier a sa plantation ou forêt de bambou de chine « Méfeuk ». Dès que les membres du Mendzong reviennent avec les méfeuk, ils les gardent dans les champs à l’entrée de la concession, et la famille leur offre à manger et à boire. Une commission d’artisans en vannerie est constituée pour couper les lianes de bambous et s’en servir pour confectionner les paniers « kékak ». D’autres bambous sont réservés pour construire la case de l’orchestre traditionnel « lefem » et les « kapti me Fo’o» ou loges des chefs.

La veille du grand jour, les crânes du sanctuaire familial reçoivent une onction et des offrandes. L’officiant les prie d’être de tout cœur avec les vivants pendant ces funérailles. Il leur parle comme s’il s’adressait aux vivants tout en les informant à qui revient l’honneur parmi eux avec ces funérailles. Que toute la famille espère que leurs problèmes dans la vie seront du moins allégés, sinon entièrement résolus.

Chaque membre de la famille fait les derniers réglages dans sa case cambuse, le Ntàng, où il recevra ses invités. Les premiers repas des funérailles sont préparés pour être servis à différentes commissions le moment venus ; surtout le grand repas vespéral après l’implantation de l’Akoup ou du Achouchoun. Les bœufs, chèvres et porcs sont abattus par les hommes, les femmes épluchent le plantain pour le kondrè et préparent plusieurs autres mets.

Enfin d’après –midi, le Mendzong implante le « Akoup » et les femmes âgées du quartier le « achouchon ». C’est une cérémonie à forte connotation agricole, symbolisant le fait que le défunt a abandonné sa vigne que les bambous de chine « mefeuk » ont envahi ; que la défunte a laissé ses champs que les « achouchoum » ont envahi. Aujourd’hui leurs descendants défrichent la vigne pour continuer à récolter le vin et le champ pour continuer à vivre, aidés en cela par les autres proches vivants solidaires. D’où machettes, piquets et lianes qu’utilisent les hommes pour implanter le « akoup » et les houes et tout autre outil agricole qu’utilisent les femmes pour implanter le « achouchoun ». Symbole de continuité de la vie malgré la mort.

Le « akoup » et le « achouchoun » implantés, tous les participants sont conviés à une réception spéciale ou repas vespéral. Les funérailles sont ouvertes ; les invités vont vers le Ntàng ou case-cambuse de réception de leur hôte ; qui pour donner son panier de funérailles ; qui pour contribuer à sa façon au succès des funérailles ; c’est le bal du donner et du recevoir.

Dès dix-huit heures, au moins sept (7) coups de fusil annoncent l’ouverture des festivités, le Lefem, au son des diapasons, entre en action pour animer toute la nuit durant. En fait, quand la famille rencontre le chef du quartier ou du village pour annoncer la date fixée pour les funérailles, elle offre un poulet pour déplacer le Lelem « a létui lelem » qui est le diapason qui servira de Bass –musical. C’est le plus grand symbole de la culture à Bafou. Il est appelé Lelem ou Tsuigfo (homonyme du chef). Littéralement Lelem en Yemba, langue local, signifierait le cor divin. Nos parents distinguaient très bien le son de chaque Lelem tout comme le message du son du tam-tam si bien qu’en entendant jouer, ils savaient dans quelle circonscription administrative traditionnelle avaient lieu les funérailles ou deuils, …

Aujourd’hui nous ignorons presque ce pan de notre culture plein de symbole. Le Lefem est l’orchestre du conseil traditionnel appelé Tsoug qui est en fait la police traditionnelle. N’y entrent que les initiés. Les femmes et les non initiés n’y ont pas accès. Le Lefem a droit à trois, quatre voire cinq tours de service de rafraichissement. C’est de ce Lefem que les Tsoug sortent pour mettre de l’ordre la nuit de la veille et le jour des funérailles. D’autres danses dont le(s) défunt(s) étaient membres actifs peuvent également veiller autour du feu dans la cour principale de la concession.

Le jour même des funérailles, dès le réveil, les femmes continuent à préparer les mets. Les hommes font les paquets de kondrèh appelé Mepfoug enveloppé dans des paniers kekaks ou dans des feuilles de bananier. Ils apprêtent aussi la boisson dans les différents Ntàng. Les invités matinaux sont servis au fur et à mesure. Dès neuf heures, chacun prend son bain et arbore sa plus grande tenue. Les principaux concernés directs portent en plus de leur tenue de circonstance, un collier de gousses d’arachides séchées (pour le cas des funérailles d’une femme) et un chapeau traditionnel sans oublier la queue de cheval Asan’ha leo’o, une cravate traditionnelle ndop au cou ; la femme enceinte enroule son ndop sur le poignet ou sur la queue de cheval.

Le dispositif d’accueil n’est pas négligé : le(s) chef(s), les sous-chefs et notables sont à droite dans la cour de la concession ; le Kapté-Fo’o est meublé avec une table recouverte de tissu traditionnel batik appelé nzou lekeu’eu, une peau de panthère au sol, avec d’autres accessoires traditionnels, ….

Dès l’arrivée du chef, le dispositif protocolaire et sécuritaire se déploie. Il est conduit avec toute sa suite là où il doit être reçu. C’est après la réception qu’il vient dans la cour des funérailles. Il est annoncé par le clairon royal « Ntan’fo’o » ou un cor, une clochette « Nhan’ha Fo’o », . Il descend solennellement. Des coups de fusil retentissent dans l’air. Les Tsoug cagoulés avec de long bambous secs en main quadrillent partout où il y a affluence. Dès l’entrée de la concession, le Keza’Fo’o qui est un chant de victoire et de prestige est entonné. C’est avec ce chant symbolique que le chef fait le premier tour de la cour de la concession. Le Ngou’fo’o suit directement le Keza’fo’o, danse de victoire, de prestige, de noblesse, d’élégance et de dignité. N’y participent que les chefs, les notables et les personnalités traditionnelles et noblement habillées. Le Ngou’fo’o ouvre ainsi le bal des danses et autres festivités.

Les familles et surtout les belles-familles font leur descente avec les paquets ou paniers et vins apprêtés selon les listes à eux remise par la famille. Elles les déposent au fond de la cour de la concession et procède directement au partage. Les belles-familles et familles amies venant de très loin peuvent, après le partage des paquets, procéder à leurs danses en débutant par le Azeng. Puis si le défunt était membre d’un conseil/réunion traditionnelle royal, leur procession ou danse est prioritaire dans la cour. Par exemple, Aka’a, Mendzong, Mékah, Kougang, nguiazè, foukah, etc. Le Mendzong, armée traditionnelle jadis, qui aujourd’hui est très symbolique à Bafou, ne se danse qu’en présence du chef ou de son représentant. Le Mendzong, tous clans d’âge confondus, danse une seule fois. Chaque concerné qui invite son Mendzong donne trois poulets vivants pour les Teguia ou chef de troupes. Le Mendzong entre dans la cour de la concession chronologiquement du clan des plus vieux au clan des plus jeunes nommé ici Tsantsan’ c’est-à-dire ceux qu’on initie encore. Ils portent des gourdins et non des épées.

Pendant les cérémonies, le Tsoug, conseil de la police traditionnelle, met de l’ordre. Ils sont cagoulés Lenan Tsoug et tiennent de longs bambous secs en mains. Ils ont le droit de visiter et de pénétrer dans tous les Ntàng pour recouvrer leurs dus (paquets et vin). Pour relever le ton et mettre la bonne ambiance, les principaux concernés font le tour des danses pour faire des offrandes d’argent Ma’méloung ; chacun selon ses moyens.

Il faut noter que les funérailles, mariages, ne peuvent se faire à Bafou sans que le E’si ne soit exécuté en marge. Pour les funérailles, c’est la veille au soir.

En soirée, à la fin des manifestations, la sauce jaune est versée sur le(s) crânes(s) des défunts auxquels on rendait hommage. Ceci se fait avant que la danse spéciale Azeng Ngan’ba ne clôture les festivités. Cette Azeng Ngan’ba s’apprête dans la case la plus au fond de la concession et entre dans la cour par le bas au lieu de l’entrée principale comme les autres. Les danseurs ne font qu’un tour et les participants se dispersent et s’en vont.

La nuit tombée, les gens du quartier se réunissent dans la grande case de la concession où les funérailles se sont déroulées pour terminer en beauté cette fête: Lessa’a tou’o kouna c’est en fait un diner bilan. Chaque membre de la famille sort de son Ntàng avec la tête préparée de la bête abattue, avec le taro reçu de sa belle-mère et converge à la case principale. Il peut en plus venir avec tout ce qui est resté dans son Ntàng. C’est comme une commission de liquidation.

Les funérailles, jadis devoir de mémoire, lieu de retrouvailles, de bénédiction et de revalorisation culturelle, se muent en occasion de prestige, d’escroquerie, de rançonnage qui ruinent les concernés et enrichissent tous ceux qui étaient supposés les assister, mais qui y font plutôt de très bonnes affaires. Que faire pour que les funérailles ré-arborent encore leurs fonctions naturelles, culturelles et leurs valeurs intrinsèques d’antan ?

Non loin de nous, à Bangang (Mbouda), la tradition est encore respectée : moins de bières, whisky, vin rouge et autres, plus de vin de raphia dans les calebasses, plus de poulets, Mboh méloug pô ngap exigés aux belles familles et familles amies, plus de coups de fusil pour annoncer l’arrivée d’une belle famille ou famille amie.

A cette allure où vont les funérailles à Bafou, nous risquons ne plus avoir près de cinq danses, dans une cour de funérailles, mais de la musique moderne. Un SOS est lancé pour sauver toutes ces danses Ako’o Nzang, Mezap, Mbah-tsa’a, Kwakwa, Kougang, Pô Mendzong, Samba, Mégassa, Mékongo, Nzaméssali, Baya, Maringué, Kéna, Ntéoh, Ndédong, Ngana, …. etc qui agonisent dans la cave ancestrale.

 

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