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Culture comme moteur de développement durable

Bafou.org

Synthèse proposée par Pr TSALEFAC Maurice, à l’occasion de la célébration du 5e anniversaire de Bafou.org le 10 Mai 2014.

(Ce texte est le résultat d’une synthèse à partir des documents des nations unies sur la question)

I- En guise d’introduction

La culture est un système de croyances, de valeurs, de coutumes et de comportements transmis de génération en génération que les membres de la société utilisent pour affronter le monde et les autres.  Une civilisation est une société complexe qui a des villes, des classes sociales, ainsi qu'un gouvernement. La culture n'est qu'un aspect de la civilisation.  Il est possible pour une culture d'exister sans la civilisation, mais une civilisation ne peut exister sans la culture. En outre, une civilisation ne peut comprendre plus d'une culture.

Depuis la conférence des Nations Unies en 1992, 3 piliers d’un développement qui se veut durable ont été identifiés : notamment l’économique, le social et l’environnemental. Mais de plus en plus, on tend à considérée la culture comme étant le quatrième pilier du développement durable à condition de valoriser la participation culturelle des jeunes, de promouvoir les créateurs dans la ville (identité urbaine) et d’accorder de l’importance au design de qualité. Il faut aussi se donner les moyens de le réaliser. En effet, l’ÉQUIPE SPÉCIALE DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES SUR L’AGENDA DE DEVELOPPEMENT POST-2015 a décidé de considéré la culture comme moteur et catalyseur de développement durable Ainsi, le document final du Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) 2010, souligne l’importance de la culture pour le développement et sa contribution à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ainsi, la culture doit être intégrée dans les stratégies et les politiques de développement. L’agenda post-2015 devrait clairement montrer en quoi la culture favorise le développement durable et en est le moteur et le catalyseur.

II. Culture : moteur du développement durable

Durant la dernière 2000-2010, des statistiques, des indicateurs et des données relatifs au secteur culturel et aux activités opérationnelles ont mis en évidence que la culture pouvait être un puissant moteur pour le développement via des impacts social, économique et environnemental à l’échelle communautaire.

  • - contribution du secteur culturel à l’économie et à la réduction de la pauvreté. Le patrimoine culturel (sites sacrés/ Méboukem töo, Fomenlepée etc, les industries culturelles (tissage des sacs en raphia, plafond en bambou raphia), le tourisme culturel durable et l’infrastructure culturelle peuvent servir d’outils stratégiques permettant de produire des revenus, en particulier dans les pays en développement souvent en raison de leur riche patrimoine culturel et de leur importante main-d’oeuvre.
  • - Les industries culturelles et créatives (fabrication des paniers à partir des nervures de raphia, funérailles, obsèques) représentent l’un des secteurs économiques à la croissance la plus rapide du monde avec un taux de croissance de 17,6 % au Moyen-Orient, 13,9% en Afrique, 11,9% en Amérique du Sud, 9,7% en Asie, 6,9% en Océanie et 4,3% en Amérique du Nord et en Amérique centrale3. Promouvoir ce secteur nécessite des investissements en capital limité, implique de faibles barrières à l’entrée et peut avoir un impact direct sur les populations vulnérables, notamment sur les femmes.

De plus, le secteur du tourisme est désormais l’un des secteurs économiques à la croissance la plus rapide du monde. Au niveau international, les recettes globales brutes annuelles du tourisme ont augmenté de 7% entre 1998 et 2008, et de 12% pour les pays les moins avancés durant la même période5. Le tourisme culturel, qui repose sur des biens culturels matériels et immatériels, représente 40% des recettes du tourisme mondial. Ces biens culturels sont nos chefferies traditionnelles, les lieux sacrés, notre habitat bien particulier.

L’investissement dans la culture et dans la créativité s’est avéré un excellent moyen de relancer l’économie des villes. Aujourd’hui, de nombreuses villes utilisent le patrimoine, les événements et les institutions culturelles afin d’améliorer leur image, de stimuler le développement urbain et d’attirer les visiteurs ainsi que des investissements. La plupart des pays à revenus intermédiaires développent des secteurs et des initiatives culturels dynamiques et demande de l’aide dans ces domaines.

Le développement conduit par la culture comprend également une variété d’avantages non monétaires. Ceci peut se traduire par une plus grande insertion sociale et un meilleur enracinement, une meilleure résilience, innovation, créativité et un meilleur esprit d’entreprise chez les individus et dans les communautés ainsi que par l’utilisation de ressources locales, des compétences et des connaissances. Respecter et soutenir les expressions culturelles contribuent à renforcer le capital social d’une communauté et favorisent la confiance dans les institutions publiques.

Les facteurs culturels influent également sur les modes de vie, les comportements individuels, les modes de consommation, les valeurs liées à la gestion de l’environnement et notre interaction avec l’environnement naturel ‘Amélioration de l’habitat à l’occasion des funérailles des obsèques. Les systèmes de connaissance locale et autochtone et les pratiques de gestion de l’environnement fournissent des informations et des outils précieux pour relever les défis écologiques, prévenir la perte de la biodiversité, réduire la dégradation des terres et atténuer les effets du changement climatique (systèmes de cultures en billons pour lutter contre l’érosion, bocage autrefois, agroforesterie etc.).

III. Culture : catalyseur du développement durable

Les approches basées sur la culture ont concrètement démontré comment il était possible de traiter la pauvreté à la fois sous l’angle économique et sous l’angle des droits de l’homme tout en fournissant des solutions aux problèmes complexes de développement d’une manière novatrice et multisectorielle. En effet, la culture a un pouvoir de transformation des méthodes existantes de développement, contribuant ainsi à élargir les termes du débat actuel et à rendre le développement plus adapté aux besoins de la population. Les interventions de développement, qui tiennent compte du contexte culturel et des particularités d’un lieu et d’une communauté et promeuvent une approche du développement centrée sur l’homme, sont plus efficaces et susceptibles de produire des résultats durables, complets et équitables.

Par ailleurs, reconnaître et promouvoir le respect de la diversité culturelle au sein d’une approche fondée sur les droits de l’homme, peut faciliter le dialogue, prévenir les conflits et protéger les droits des groupes marginalisés, au sein et entre les nations, créant ainsi des conditions optimales à la réalisation des Objectifs de développement. La culture, vue sous cet angle, rend le développement plus durable.

IV. Capitaliser sur le potentiel de la culture au-delà de 2015

L’échec de programmes de développement, qui se voulaient bienveillants, et les lacunes dans la réalisation des OMD, ont révélé l’insuffisance des politiques universelles et des approches de développement qui ne tenaient pas compte du contexte culturel. L’intégration de la culture dans les stratégies et politiques de développement durable fait progresser une approche globale du développement centrée sur l’homme, en plus de servir de ressource socio-économique puissante.

La culture a une dimension transversale et intersectorielle et, à ce titre, affecte tous les aspects du développement. Cependant, la prise en compte du rôle de la culture dans le développement durable exige qu’une attention particulière soit portée non seulement aux différentes approches mais aussi aux résultats. Une meilleure articulation d’un programme commun et de lignes directrices visant à intégrer la culture dans les différents mandats des Nations Unies au-delà de 2015 pourrait apporter une réponse efficace aux besoins du développement.

Le programme de développement post-2015 devrait également reconnaître la contribution spécifique de la culture – en tant que secteur englobant patrimoine matériel et immatériel, industries culturelles et créatives et infrastructures culturelles – à l’égard du développement durable dans le cadre de la réduction de la pauvreté, de l’intégration sociale et de l’environnement durable. On constate un intérêt croissant pour la culture en tant que partie intégrante de débats plus larges sur le développement au niveau des pays. Le rapport du secrétaire général de l’ONU de 2010 sur la Culture et le développement l’a montré, 18 organisations onusiennes travaillent dans le domaine de la culture ou adoptent régulièrement des approches basées sur la culture.

V. Intégrer la culture dans le programme de développement : le cadre normatif

Pour intégrer la culture dans le programme de développement, des objectifs clairs, des définitions, des mécanismes, des outils de suivi et d’évaluation sont nécessaires. Un important appareil normatif existe dans ce domaine : sept conventions culturelles traitent du patrimoine matériel et immatériel, de la diversité des expressions culturelles et des industries créatives, du trafic illicite des biens culturels (cf : la convention sur le patrimoine mondial, la convention sur le patrimoine immatériel et la convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles). L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture a élaboré des politiques, des législations, des normes, des directives opérationnelles, des outils de suivi et d’évaluation, des programmes de renforcement des capacités, des fonds internationaux ainsi que des actions opérationnelles concrètes qui permettent de sauvegarder et de promouvoir la culture, de contribuer au renforcement des capacités des institutions culturelles, de construire des réseaux de professionnels et d’impliquer activement les communautés locales.

VI. La voie à suivre

Les mesures proposées ci-dessous peuvent s’appuyer sur la contribution de la culture au développement durable :

Intégrer la culture dans la gouvernance

Intégrer la culture dans la conception, la mesure et la pratique du développement en vue de promouvoir le développement inclusif, équitable et durable.

Capitaliser sur la contribution du secteur culturel au développement économique et à la réduction de la pauvreté

Soutenir le tourisme culturel durable, les industries culturelles, les institutions culturelles et la revitalisation urbaine basée sur la culture comme de puissants sous-secteurs économiques qui créent des emplois décents, stimulent le développement local et favorise l’esprit d’entreprise.

Le développement économique conduit par la culture devrait tenir compte de la protection des biens culturels souvent fragiles qui constituent un capital unique non renouvelable.

Capitaliser sur le savoir traditionnel pour favoriser la durabilité de l’environnement

Intégrer les connaissances et les pratiques traditionnelles dans des projets d’environnement durable et rechercher des synergies entre les pratiques environnementales traditionnelles et les nouvelles technologies.

S’appuyer sur la culture pour promouvoir la cohésion sociale

Promouvoir le dialogue interculturel pour construire la cohésion sociale et ainsi, créer un environnement propice au développement.

Capitaliser sur le potentiel des arts pour promouvoir la cohésion sociale et développer l’esprit d’entreprise, en particulier chez les jeunes, et en situation de post-conflit et post-catastrophe.

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