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Eclairage sur les faits ayant conduit au droit de réponse de M. AZANGUE

Pour vous qui avez lu le droit de réponse de M. AZANGUE Bernard, PDG de la Société E.P.A, voici en deux documents distincts, un nouvel éclairage sur la genèse de l’affaire :

1. Le texte de M. TSOBGNY PANKA Paul extrait de son livre « Ma part de comédie ».

2. La Position des « Forces Vives Bafou » telle que paru dans le recueil des P.V. des Conseils Généraux des FOVIBA de mai et d’Août 1999. 

Commençons  par examiner le "corpus delictus" c’est-à-dire le document  ayant poussé Mr Azangue à sortir de sa réserve. Nous lisons ceci dans le livre de Mr Tsobgny Panka :

 ".....................................................................................

6/- L’affaire E.P.A.  

De par ma position de Président du «comité des sages», j’ai été obligé de jouer un rôle dans cette affaire qui a opposé sur le terrain et ensuite devant les tribunaux de Dschang puis de Bafoussam, le Chef Supérieur Bafou à un de ses sujets, le nommé Azangué Bernard. Je devais évoluer avec tact et doigté car cette affaire englobait à la fois un aspect juridictionnel, un aspect politique, un aspect social et un aspect purement administratif. 

Au fait, de quoi s’agit-il ? Par ces temps de grande pauvreté, un natif de Bafou, Azangué Bernard, très riche et très entreprenant, sollicita auprès de la Banque Mondiale un prêt pour développer au nord du village une activité agro-pastorale intégrée comme cela se fait au Etats-Unis.  

De l’avis des experts, le projet était très ambitieux et nécessitait beaucoup d’espace. Il n’y avait que le Chef et l’Administration pour le satisfaire. Le Chef marqua son accord pour lui concéder une superficie de 350 hectares sur sa propriété de Ndziih au nord de Bafou. La parcelle de terrain en question située à Bafou est pourtant convoitée par les gens de Mook-Mbing de la Province du Sud-Ouest et ceux de Bangang dans le Bamboutos.  

Sur le terrain, maîtrisant mieux que quiconque la notion de «Domaine National» ou de «Domaine Privé de l’Etat», les fonctionnaires du service des affaires domaniales bien «motivés» par le riche opérateur économique avaient expliqué à ce dernier que tous les terrains sans titre foncier appartenaient à l’Etat et non au Chef traditionnel. Il pouvait très bien se passer de ce dernier pour faire évoluer son projet. 

Ainsi «aidé» par ces fonctionnaires, il devint plus «gourmand» et alla au-delà de la superficie qui lui avait été attribuée. A son passage, il bouscula sans ménagement les paysans Bafou et les éleveurs Bororos qui se trouvaient sur ces pâturages. On ne peut pas faire d’omelette sans casser les œufs n’est-ce pas ? Des maisons et des enclos furent détruits, ce qui causa le mécontentement de la population et la colère du Chef.  

Sans consulter personne, le Chef se fit justice en allant lui aussi détruire quelques cases construites par Azangué. Celui-ci requit les services d’un huissier de justice et alla, muni du constat dressé par cet officier ministériel, porter plainte contre le Chef Supérieur Bafou qui fut assigné à comparaître sans autre forme de procès.  

De mémoire de Bamiléké, on n’avait jamais vu cela. Comme au temps des Rois Français, le Chef ici est intouchable et considéré comme un demi Dieu. Après m’être concerté avec les membres du «comité des sages» et obtenu leur feu vert, j’offris mes bons offices pour ramener la paix et la concorde entre le Chef et son «fils» 

Lettres à lui-même et à ses amis les plus proches, coups de téléphone et déplacements à Douala où je rencontre enfin Azangué. Il me reçoit et me promet de retirer sa plainte pour qu’il y ait un arrangement à l’amiable. Mais c’était une manœuvre félonne pour me rouler dans la farine. Comme dirait Tégni Signing Pierre, un notable du village Baleng habitant non loin de chez moi, «Dans la nourriture, le sucre ne sert à rien quand c’est le sel qui manque». Il me jouait là une comédie à la Talleyrand. Il avait son plan et savait ce qu’il voulait. Dès que j’eus le dos tourné, il étoffa davantage sa plainte.  

Le jour du procès, il ne daigna même pas y assister. Il se fit plutôt représenter par un avocat gonflé à bloc qui, pour éblouir et se trouver de nouveaux clients dans l’auditoire, mit tout en œuvre pour ridiculiser publiquement le Chef de tous les Bafou, penaud et déboussolé devant la barre comme un vulgaire voleur de poules.  

Verdict : le Chef fut reconnu coupable, mais bénéficia de larges  circonstances atténuantes en sa qualité de… délinquant primaire. Eh oui ! primaire ou pas, le Chef Supérieur de tous les Bafou a été, à cause de Azangué, publiquement traité de… «Délinquant» et condamné aux entiers dépens. Azangué, par l’organe de son conseil, a ensuite demandé et obtenu, que le Chef soit condamné à lui payer, à titre de dommages et intérêts, la rondelette somme de…un franc symbolique ! Oui, un franc symbolique ! Pas plus !…le Franc Symbolique de la honte !  Quoi ! Il n’est pas seul ! Souvenez- vous  de Judas Iscariote avec son franc de la trahison ! Oui, mais retenons qu’à Bafou nous sommes tous frères et que cette amende nous frappait tous. 

J’ai déjà vu pas mal d’hommes riches, très riches ; d’hommes puissants, d’hommes très intelligents. Ils sont en général modestes, humbles et effacés. Voyez le pardon, la magnanimité de l’Empereur Auguste devant Cinna ! Mais tel n’était pas le cas du dieu Azangué Bernard.  

Le Chef Supérieur Bafou est un jeune Chef. Un jeune tout court ! Presque un enfant. Les enfants en général sont impulsifs et agissent avant de réfléchir. Monsieur Azangué, serviteur du Chef, ne devait pas appliquer la «Loi du Talion». Un petit devant un grand a toujours tort même s’il a raison. Mais nous n’avons pas  attendu  trop  longtemps  pour  avoir  l’épilogue  de  cette histoire.   

Au cours du neuvième Conseil Général des Forces Vives Bafou tenu le samedi 8 mai 2004, Azangué Bernard a choisi le moment de la collation au salon d’honneur du Palais pour prendre la parole. Il a publiquement demandé des excuses à tous les Bafou pour tous les problèmes qu’il a eus avec le Chef Supérieur. Il a déclaré être venu pour que le linge sale soit lavé en famille et que les Bafou passent une éponge sur tout ce qui avait été considéré comme propos diffamatoires illustrant de l’insolence ou du mépris de sa part à l’endroit du Chef Supérieur.  

Azangué s’est réconcilié avec le Chef Supérieur et entretient désormais des rapports cordiaux avec le Président du «comité des sages». Il a retrouvé sa place de grand pilier de Bafou et ne ménage aucun effort pour encadrer le Chef et oeuvrer pour la grandeur du village. Ses prestations pour l’organisation et la célébration des funérailles du feu Chef Supérieur Dr Paul Kana II qui ont eu lieu à Bafou du 4 au 19 novembre 2005 ont été des plus honorables. 

……………………………………………………………………"

(Extrait de "Ma part de Comédie", de Tsobgny Panka Paul La Nouvelle ImprimerieYaoundé 2009, p. 73 - 75) 

.

Quel était  le point de vue des Forces Vives Bafou en ce moment ?

Deux documents peuvent être consultés : 

1- P.V. du Conseil Général des Forces Vives tenu le 29 mai 1999.

On y lit ceci :

"……………………………...

Sur un autre plan, le Chef Supérieur a parlé d’un contentieux l’opposant à Monsieur AZANGUE Bernard, Directeur Général de la Société E.P.A. Celui-ci a été bénéficiaire, auprès du Chef Supérieur et avec l’accord des autorités administratives, d’une parcelle de terrain pour l’extension, dans la partie Nord de Bafou, de ses activités pastorales. La pomme de discorde entre le Chef Supérieur et Mr AZANGUE serait la "gourmandise" de ce dernier qui, sur le terrain, aurait voulu occuper une superficie plus grande que celle à lui attribuée.

……………………………..

Concluant son propos, le Chef Supérieur a insisté sur sa volonté de vivre en harmonie avec tous les Bafou. Il est revenu plusieurs fois sur le terme « unité » qui avait constitué l’essentiel de sa Profession de Foi à la sortie du « La’a-Keum » le 28 janvier 1995. Il a prié tous ceux qu’il aurait par hasard offensés de l’en excuser. Il a souhaité que les présentes assises marquent une ère nouvelle pour l’avenir du village, car les résolutions et recommandations auxquelles elles devaient déboucher allaient guider les actions futures des uns et des autres.

……………………………

b)- L’affaire AZANGUE Bernard (E.P.A.) : Le Chef Supérieur a éclairé l’assistance sur la genèse et l’évolution chronologique du problème, avec l’intervention des autorités administratives et des fonctionnaires chargés des affaires domaniales. Il a invité les uns et les autres à se rapprocher de l’intéressé pour voir s’il y aurait une autre version.

 KANA Paul : Pour cette affaire concernant Mr AZANGUE Bernard, je propose qu’on rencontre le Sous-Préfet et le Préfet pour les informer de notre décision de prendre l’affaire en main pour une solution à l’amiable.

RESOLUTION : l’unanimité s’est faite sur la tentative d’arrangement de ce problème à l’amiable. Mandat a été donné au Président de la « Commission des Affaires contentieuses » de saisir les autorités administratives et judiciaires pour les informer de la prise de position des Forces Vives Bafou. Pour ce faire, la Résolution suivante a été rédigée et soumise à la signature du Président de séance, des deux Vice-Présidents et des Secrétaires de séance :     

  "Prenant acte des informations données par Sa Majesté FOO NDONG Victor KANA III, Chef Supérieur de 1er degré de Bafou, sur le conflit foncier de la partie septentrionale du Groupement Bafou (Zone Pastorale de NDZIIH), conflit opposant d’une part Sa Majesté à Monsieur AZANGUE Bernard, Directeur Général de la Société Elevage Promotion Afrique (E.P.A.) et d’autre part les résidents de cette zone pastorale à ce même promoteur (Mr AZANGUE),

-    Les Forces Vives Bafou décident de s’impliquer dans cette affaire tout en déplorant l’état actuel des choses.

-    Dans cette perspective, le Président de la Commission des Affaires Contentieuses est chargé de prendre contact avec les uns et les autres, de voir ce qu’il y a lieu de faire et de rendre compte à la prochaine réunion des Forces Vives  qui se tiendra le 14 août 1999". 

2- P.V. du Conseil Général des Forces Vives tenu le 14 août 1999

On y lit ce qui suit :

…………………..

Il a été rappelé qu’au dernier Conseil Général des Forces Vives, mandat avait été donné à la Commission des affaires Contentieuses pour chercher les voies et moyens d’un arrangement amiable de la situation conflictuelle opposant le chef Supérieur à AZANGUE Bernard, Directeur Général la société E.P.A. Dans sa réponse, le président KENFACK …..au sujet de l’affaire E.P.A., a déclaré n’avoir pas réussi à rencontrer Mr AZANGUE Bernard. Mais il a vivement souhaité que les Bafou cessent d’aggraver les choses en versant de l’essence sur le feu. La Commission dispose déjà de beaucoup d’éléments d’éclairage. Elle doit évoluer doucement en tenant compte du fait que cette affaire englobe à la fois un aspect juridictionnel, un aspect politique, un aspect social et un aspect purement administratif. Les apports positifs de toutes les bonnes volontés sont attendus et la Commission doit véritablement se mettre en place pour siéger et agir valablement.

Monsieur  KANA Paul, originaire de Ndziih, a tenu à rappeler que le projet de Mr AZANGUE avait été bien accepté par les frères et sœurs Bafou de Ndziih .Sur le terrain, les gens s’entendent bien. Il n’y a pas de jalousie à Ndziih. Même le Gouverneur qui y est descendu lors de sa tournée dans la Menoua l’a dit. La parcelle de terrain en question est convoitée par les gens de Mook et de Bangang. Il faut avoir présent à l’esprit la notion de domaine national ou de domaine privé de l’Etat. Mr KANA Paul propose que la Commission des affaires contentieuses ou une autre Commission de sensibilisation soit mise sur pied pour dissiper les malentendus, renseigner objectivement les parties prenantes, les autorités administratives et faire comprendre à tous les avantages d’un tel projet tant pour les populations environnantes que pour Bafou tout entier. C’est anormal de déclarer ici qu’on ne voit pas Mr AZANGUE. Il faudrait aussi tout faire pour réconcilier le chef supérieur et son fils AZANGUE afin que la paix et la concorde reviennent à Bafou.

Le Président de séance : Merci à Mr KANA Paul pour cette intervention .On ne peut pas faire d’omelette sans casser les œufs. Mais retenons que nous sommes tous des frères.

Kemtsuet-chui PEUJIO Félix : La Commission des affaires contentieuses doit rapidement se mettre en place car il y a de nouveaux incidents qui viennent s’ajouter à d’autres problèmes non encore résolus .On nous a signalé que le même AZANGUE Bernard, voulant des magasins pour ses activités, est mêlé à une autre affaire de bornage irrégulier d’un terrain appartenant au poste agricole près du marché  Saha-Méya.

Tégni TEKOUDJOU DONGMO André : je propose que prêtres pasteurs et personnalités neutres soient membres de cette importante Commission des affaires contentieuses.

................................................................"

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Source : Recueil n° 1 des Procès-verbaux de réunions des Conseils Généraux des FOVIBA.

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