Soutenance de Doctorat de Florence TSAGUÉ ASSOPGOUM

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Publié le lundi 18 avril 2011 23:00

Ce mercredi 13 avril 2011, le Cameroun et en particulier le Groupement Bafou (Arrondissement de Nkong-ni, Département de la Menoua, Région de l’Ouest) étaient à l’honneur à l’Université de Siegen en Allemagne. 

C’est à 16 heures que Florence TSAGUÉ ASSOPGOUM, cette fille originaire de Bafou, a soutenu, avec mention « Très bien »,  la thèse de Doctorat en Sciences Politiques et Langues Appliquées devant un jury composé de Pr. Sigrid BARINGHORST, Pr. Jürgen BELLERS, Pr. Gerhard HUFNAGEL et de Dr. Leila BENTABED sur le thème : "Les migrations de l’Afrique dans la presse sénégalaise et allemande de 1998 à 2008 : «Frankfurter Allgemeine Zeitung », «Süddeutsche Zeitung», «Walfadjri», «Le Soleil» et «Sud Quotidien»".

Les migrations d’origine africaine ont pris de l’ampleur  pendant les années 1990. En 2006 presque 4,6 Millions de personnes ayant la nationalité d’un pays africain étaient enregistrées au sein de l’Union Européenne (Schmid/Borchers 2009, S. 15). En Allemagne le nombre d’immigrés africains était estimé à 275.000 (voir : Statistisches Bundesamt 2007). Les causes de la pression migratoire venant des pays africains sont complexes et peuvent être expliquées par le modèle "Push and pull". Cette approche, considérée comme la plus courante pour expliquer les motifs de migrations, postule qu’il existe dans les pays africains des facteurs négatifs répulsifs (Push factors) qui favorisent le départ, combinés aux facteurs attractifs et positifs (Pull factors) disponibles dans les pays de destination en Europe. De cette combinaison naît le projet migratoire. Les "push factors" résument les problèmes économiques, politiques, sociaux des pays africains tandis que les "pull factors" font référence à la possibilité d’un meilleur travail et salaire, l’acceptation d’une différence socioculturelle (respect des droits de l’Homme par exemple), l’accès à un meilleur système éducatif et de santé.

En comparaison aux communautés d’immigrés de l’Asie, de l’Europe de L’est et de la Turquie, les immigrés de l’Afrique Subsaharienne sont moins nombreux dans l’UE. Cependant cette migration est économiquement et politiquement considérable pour leurs pays d’origine. L’apport des migrants africains au développement de leurs pays d’origine se mesure à la valeur de sommes colossales envoyés annuellement aux familles. En 2007 environ 36.850 millions de dollars ont été envoyés en Afrique par les canaux officiels (Human Development Report 2009, S. 162).

«Minorité visible», les immigrés de l’Afrique Subsaharienne sont souvent confrontés quotidiennement aux préjugés, lesquels peuvent être aussi liés à une image négative de l’Afrique propagée par les médias et la culture générale. Les migrants et migrations de l’Afrique présentent de types et catégories complexes : migrants hautement qualifiés, travailleurs, étudiants, femmes de ménages, clandestins, demandeurs d’asile, etc.. Malgré cette diversité, on note dans les médias une prépondérance des scènes de tragédie, des scénarios de menace, de la fuite ou de l’arrivée massive des clandestins qui se jouent entre l’Afrique du Nord, l’Espagne et l’Italie. Ce sont les images des jeunes africains désespérés, fuyant la pauvreté et le chômage et à la recherche d’une vie meilleure en Occident, galvanisés par des slogans tels que « Barcelone ou la mort », «Barça ou Barsax ». La forte médiatisation des clandestins et des mesures de gestion de la migration rejette au second plan d’autres catégories et leurs potentialités.

Le modèle d’interprétation du discours sur les migrations de l’Afrique qui domine de plus en plus l’actualité autant dans la presse allemande que dans la presse sénégalaise est celui de la menace. Tandis que les titres comme «Arrivée massive des clandestins », « L’attaque des illégaux » dominent la presse allemande, les journaux sénégalais tirent la sonnette d’alarme avec les titres tels que «Barcelone ou la mort », «Barça ou Barsax »autrement dit (Barcelone ou l’enfer), « le départ massif des clandestins ».

Comme presse du pays d’accueil, les journaux allemands trouvent-ils dans les migrations de l’Afrique une menace pour l’équilibre économique et culturel de l’Europe ? La presse sénégalaise thématise-t-elle la fuite des cerveaux comme une perte énorme pour les pays africains ou voit-elle en l’émigration un soulagement face au chômage des jeunes africains ? Quel est le lien établi entre la pauvreté et la colonisation ? Quelle responsabilité est-elle attribuée aux Etats africains et aux Etats Européens ? La presse sert-elle d’instance de sensibilisation, de critique ou de légitimisation des politiques migratoires ? Quelle stratégie utilisent les journaux sénégalais pour déconstruire l’image «d’eldorado» de l’Europe encore trop ancrée dans les pays africains ? Telles sont des questions auxquelles TSAGUÉ ASSOPGOUM répond en analysant systématiquement les articles de journaux de la presse d’élite sénégalaise et allemande entre 1998 et 2008.

Née à Bafou-Djuttitsa, Florence TSAGUÉ ASSOPGOUM a fait ses premiers pas dans les parfums idylliques de la flore variée et la fraicheur de l’humus de son terroir. Ancienne élève de l’École Publique de Djuttitsa et du Collège Saint Laurent de Bafou, elle publie, en 2009, son premier roman intitulé « Femmes connues, coépouses inconnues » (Editions Edilivre) traitant de la polygamie dans un monde en pleine mutation.  En marge de ses travaux consacrés par cette thèse soutenue avec brio et panache, elle est Chargée de communication de l’Association des Camerounais de Siegen «Cameroonian Community in Siegerland», membre de « African Development Initiative », et membre du Conseil d’Intégration de la ville de Siegen./-

© Dessin: Robert Atangana M.

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