Lepoh : Le chef Fo’o Tsop intronisé

Détails

Publié le mardi 27 mai 2014 15:19

Le chef Mota Richard élevé au rang de Fo’o Tsop a été installé ce samedi 24 mai 2014, à sa chefferie du village Lepoh.

C’est fait. Le peuple de Lepoh a enfin sa cérémonie d’intronisation de leur chef Fo’o Tsop Mota Richard. Élevé au rang de Fo’o Tsop et nommé chef de 3^ème degré par Fo’o Ndong en 1995, il est le dernier des chefs ayant reçu la même distinction à cette date, à être installé. Moment grandiose et historique, rehaussé par la présence des invités de marque dont les élites de tout le groupement Bafou et les autorités administratives et traditionnelles. S.M. Fo’o Ndong Victor Kana III bien entendu, le maire et sous-préfet de l’arrondissement de Nkong-ni, le gouverneur de la Région du Nord-ouest Lélé Tchoffo Lafrique.

Avant le rite clou de l’événement, Manfo Sa’agon Tsinga Nestor précise l’importance de la cérémonie dans son allocution : « c’est un hommage au peuple de Lepoh descendante de la famille royale, au chef Mota Richard et à notre père Manfo Tsopbeng décédé en 1975 ». Fo’o Ndong quant à lui, salut l’homme, Fo’o Tsop Mota Richard le tout premier Bafou à être nommé préfet.

Entouré des notables et malgré sa fatigue physique, Fo’o Tsop a reçu ses attributs de chef du chef supérieur sous une salve d’applaudissements. L’arsenal d’armoiries traditionnels est constitué d’un sac appelé « Apa’a Mbo », une chaise en bois à la sculpture singulière, un chapeau, un collier, une queue de cheval, et une canne. Visiblement comblé, le chef intronisé agite la queue de cheval en signe de reconnaissance avant de prendre la parole : « je remercie tout le peuple Lepoh ainsi que tous les chefs ; je les assure que je resterai attentif et à leur écoute » affirme t-il avant de reconnaitre être fatigué par le poids de l’âge et tout de même disposé à investir ce trône qui vient de lui être officiellement attribué.

Après la remise des cadeaux et la prestation de la majeur partie des danses traditionnelles, dame pluie s’est invitée. Toutefois le buffet s’est déroulé sans encombre.

Réactions : vos impressions

Manfo Sa’agon Tsinga Nestor, Président du comité d’organisation

« Je suis très satisfait du déroulement car une cérémonie traditionnelle respecte les étapes de la tradition. Ce qui a été fait même si certains se sont plaint qu’il y a eu des oubliés, nous allons rectifier le tir à ce niveau. Par ailleurs nous avons fait les choses en grand car accueillir et faire manger 1000 personnes n’est pas donné. Malgré la pluie et la tornade aux dégâts minimes tout s’est bien passé et la famille Fo’o Tsop Mota Richard est contente d’avoir organisé cette cérémonie. »

Tegni Dongo Jean Marie, Président national du CODEGBA

« C’est une très belle cérémonie, étant de la zone, nous l’avons attendue depuis très longtemps. Je crois que mieux vaut tard que jamais et l’événement a été à la hauteur. En plus c’est une grâce car le chef a été malade et Dieu lui a donné la force d’être là, je pense que c’est la plus grande bénédiction qu’on peut obtenir de cette cérémonie. »

Interview

S.M Fo’o Ndong Victor Kana III, chef supérieur Bafou

A votre sortie du Laakam, vous avez nommé quelques chefs de 3^ème degré. 20 ans après nous sommes à l’intronisation de Fo’oTsop, qu’en est-il des autres ?

Dans la tradition rien n’est oublié. Nous avons justement donné des noms à certains sous chefs et Fo’oTsop est le dernier à être intronisé. Nous avions commencé par Fo’o Douolah, ensuite Fo’o Miatsuet, Fo’o Tsietsa Anoumedem Fabien, Fo’o Nkong-zem, Fo’o Nkong-Ni, Fo’o La’a-chui Djouaka Henri, et enfin Fo’o Ngou-chui. Fo’o Tsop est donc le dernier. Avant la cérémonie officielle, pour introniser un chef, il ya plusieurs rites auxquels nous procédons. Il n’y a donc pas de problème au fait que Fo’o Tsop soit installé aujourd’hui car nous tenions à ce que toutes les étapes soient respectées.

Quels sont les critères que vous observez pour nommer une personne chef de 3^ème degré ?

Il n’y a pas de critères en tant que tel sauf que, comme jadis lorsque quelqu’un rentrait de la chasse avec un animal, il venait le déposer à la place de la chefferie. Un signe de bravoure et aujourd’hui, plus d’actions exemplaires pour le village. A ce titre, Fo’o Tsop avec son rang d’administrateur civil a marqué et a servi le Cameroun dans plusieurs villes et Bafou n’a pas été épargné. Le nommer donc n’est que la célébration de ce mérite car c’est de ces exemples que Bafou a besoin pour son émergence.

Certains chefs de quartiers ont rang de chef de 3^ème degré tout comme ceux que vous avez nommés. Lors d’une cérémonie, comment s’organise le protocole traditionnel ?

Le 3^ème degré est une distinction honorifique donnée par l’administration ; c’est pourquoi dans le protocole, les chefs de quartiers doivent venir après les chefs de 3^ème degré. Sinon tous ont le même rang devant nous chacun dirige un quartier. C’est nous qui proposons maintenant par rapport aux œuvres de chacun en faveur des populations de son village un titre de chef de 3^ème degré. Il n’y a aucune confusion chacun est à sa place et chacun connait sa place.

Pour les jeunes élites qui prétendent au titre de noblesse, quelles sont les conditions qu’ils doivent remplir dans ce cas ?

C’est incontestablement la volonté de servir la nation et en priorité bien sûr servir Bafou. C’est bien d’œuvrer pour le Cameroun voire le monde entier, mais se sont des actions en faveur de Bafou qui sont primordiales pas seulement à nos yeux mais aussi aux yeux des populations qui peuvent venir nous reporter les bonnes actions d’un tel. Ces titres sont des noms tels que Wamba, Assa’a, Tchueté, … etc. Ils sont également attribués en fonction du quartier et de la famille du concerné ce qui signifie que l’on ne peut pas lui donner un titre au dessus de celui de son père. Il doit être derrière son père.

Qu’est-ce qui explique le fait que ceux qui n’ont qu’une femme ou qui sont carrément célibataires reçoivent des titres de noblesse alors que jadis le nombre d’enfants et de femme était capital?

C’est vrai que si quelqu’un est célibataire nous n’irons pas vers lui, car nous encourageons celui là qui peut s’occuper et nourrir une famille, puisque c’est un signe de responsabilité. Pour ceux qui n’ont qu’une femme, nous procédons (les vieillards et moi-même) aux vérifications d’usage quant à son action pour le village. Et s’il est convaincant sur ce point, ça marche.

Propos recueillis par GMN et GG

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