Obsèques du "Ministre des Seins Meilleurs", le Patriarche TSAFACK Jérôme et "Remaniement ministériel" au village Baleng
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- Publié le mercredi 25 mai 2016 16:12
- Écrit par Assa’a Kemvou Donkeng Eric Alain, "le Père du Ministre"
Le samedi 7 mai 2016 au quartier Lekouet du village Baleng (Bafou) par Dschang, Me MOMO TSAFACK Eric, jeune avocat au barreau du Cameroun, s’avance vers le centre d’une cour bondée de monde, s’incline devant le cercueil de son grand-père et, la main sur le cœur, fait la déclamation suivante : " Puisque Dieu a permis de compter dans ta postérité un avocat que je suis, tu m’aurais certainement constitué pour plaider ta cause devant le Juge Suprême. Ainsi, je plaide qu’il plaise à la Juridiction Suprême de recevoir le patriarche SAFACK Jérôme en sa demande de pardon pour tous les péchés commis lors de son parcours terrestre et de l’y dire fondé. Lui accorder le droit de prendre place dans la maison de Dieu. Mettre les dépens à la charge de toute sa postérité et les liquider au prix de beaucoup de prières pour le repos paisible de son âme et ce sera justice".
Sur ces mots, l’avocat s’est une fois de plus incliné devant le cercueil puis devant la loge occupée par quatre chefs traditionnels avant de se retirer. Le prêtre officiant a engagé l’absoute en bénissant le corps et en faisant une imposition des mains à la veuve, aux enfants et aux petits enfants.
1- De quoi était-il question ?
Du 05 au 08 mai 2016, le village Baleng a vibré en sons et en couleurs au rythme des hommages rendus à un patriarche singulièrement spécial, le bien nommé TSAFACK (ou SAFACK) Jérôme. Survivant de jumeaux, il est né dans la joie en 1924 et ceci sans déranger personne. Il a vécu pendant 92 bonnes années également dans la joie et toujours sans déranger personne. Des suites de maladie, il a tiré sa révérence le 22 avril 2016 à l’Hôpital de District de Dschang bien sûr dans la joie et toujours sans déranger personne. D’un premier lit, il eut, avec maman DONFOUET Marthe, une fille à qui il offrira par la suite et avec le concours de maman CHOUKEM Esther 3 frères et 3 sœurs. Il laisse à la postérité une veuve, 07 enfants, 27 petits fils et 04 arrière petits fils.
Fils de TEZONKONG Tégni Combagni et de Ma’ah Mégni Ntsi’ih Nguimeya, ce patriarche nonagénaire de Baleng a fait des études à Bafou centre, à Melong et à Nkongsamba jusqu’en classe du Cours Moyen 1. Jusqu’à son dernier souffle et avec les rudiments d’une formation somme toute sommaire mais assez pointue, il pouvait lire, écrire, compter et calculer sans assistance.
Ayant servi comme agent de base dans les plantations de LAGARDE à Dschang et comme agent de sécurité chez des particuliers, il se rendit compte de la vacuité du salaire qui lui était servi et décida de se mettre à son compte. Ses créneaux de prédilection étaient l’agriculture et le commerce. Ainsi, il a été producteur de jeunes plants de caféiers, d’eucalyptus, de potocalpus. Il s’est également investi comme jardinier dans diverses légumes comme choux, laitues, poireaux, tomates, carottes, persil, basilic, etc…qu’il revendait aux expatriés blancs de la ville de Dschang et particulièrement à la femme blanche gérant le Centre climatique. Il a par la suite été restaurateur au marché Méya à Bafou, et commerçant ambulant de pacotilles sur vélo pour femmes et enfants sans oublier la vente de bois de chauffage qu’il affectionnait particulièrement.
Papa Jérôme n’était pas insensible aux charmes de la gent féminine et ne crachait aucunement sur les bons morceaux. D’ailleurs, dans son langage fleuri, il se faisait appeler : « Ministre des seins meilleurs », vous avez bien lu "seins" et non "cinq" ; « Hameçon tire-tout » … comme à la pêche, « Nylon ambulant », etc… Pour « Son Excellence », il y avait, en face de la maison de sa fille Geneviève à Douala, un "lac plein de poissons frais et d’éponges". Vous avez compris qu’il parlait d’un établissement scolaire regorgeant de jeunes filles à la beauté parfaite. Et le voila devenu « Ministre des jeunes poissons frais et des éponges ». Mais l’âge s’avançant, il déclarera plus tard ne plus pouvoir « presser sur l’embrayage ».
La personnalité secrète du « Ministre des seins meilleurs » se laissait également percevoir dans sa forte admiration pour les affaires gouvernementales. Ainsi, il se plaisait à révéler à ses congénères du village les décisions prises au niveau de l’"Assemblée Territoriale" ou celles émanant des "sommets de Dakar" où il devait assister en sa qualité de « Ministre du Plan Territorial ».
2- Les obsèques :
Tout a commencé le Jeudi 5 mai 2016 dès les premières heures du matin par l’ouverture du deuil dans la cour du défunt à Baleng. Femmes, enfants et hommes du village ont défilé au domicile du "Ministre" pour rendre hommage à la mémoire de l’illustre disparu.
Le vendredi 6 mai 2016 des 13h, la levée de corps a eu lieu à la morgue de l’hôpital de Dschang. Un impressionnant cortège de véhicules personnels, de taxis, de motos, et une camionnette avec fanfare a accompagné le corbillard jusqu’à la maison du défunt. Les lamentations alternaient avec la musique religieuse. En soirée, la veillée de prières et de méditation a été marquée par la projection d’un film dont l’acteur principal n’était que le défunt en personne présidant le dernier congrès de famille de son magistère.
Le samedi 7 mai 2016, une messe animée par la chorale Mgr Albert Ndongmo de la mission catholique de Balepouo a été dite par l’Abbé KAMGAIN Hermann, Vicaire de la paroisse St-Laurent de Bafou en présence du chef Baleng Fo’oleng Tsobgny Jean Calvin qu’entouraient ses pairs Fo’o-Menhkeu, Fo’o Ntsingbeu et Fo’o Ndzifeng, têtes couronnées des villages voisins amis de Baleng. On a également noté la présence des notables et chefs de quartiers comme Moho Fo’o Ghap, Kemtchuetssui Fozeu Africa, Moho Ghang Kenfack Albert et des personnalités comme Moho Mbouo Noubouwo Fabien, Colonel Dongmo Pierre Fozap, Moho Tellih Kana Roger Pecos, etc …… Les notables du village Baleng au rang desquels les doyens Lekou Jean, Ngoufack David Jolis copains et Papa Tégomo Gérard Vieux lion, Assob Nanfah Tsobgni Joseph et Moho-Lekouet Donkeng Cosmas n’étaient pas en reste.
Au moment des témoignages, tous les intervenants ont célébré la simplicité de ce « Ministre » qui ne faisait jamais la grosse tête, mais luttait contre l’exode rural en donnant des conseils aux jeunes sur les richesses inexploitées de la terre dont regorge le village. Innovation de taille : l’artiste Assa’a Telong NAOUSSI Justin, promoteur de l’Académie de musique de Dschang a interprété une chanson inédite qu’il venait de composer à la mémoire du Ministre. Et les orphelins se sont levés pour danser autour du cercueil du patriarche en mettant des billets de banque dans une assiette pour encourager cette idée de génie de l’artiste.
Sur le chapitre collation, il ne s’agissait pas d’obsèques funérailles mais tous les enfants du « Ministre des Jeunes de Baleng », chacun avec les membres de sa belle-famille, ont tenu à célébrer l’âge respectable de leur géniteur. Ainsi, toutes les résidences du quartier Lekouet ont été réquisitionnées pour la circonstance et aux dires des connaisseurs, «ils ont bien pleuré leur père». Du premier au dernier jour, on a remarqué la présence fort significative du Colonel FOZAP DONGMO Pierre et de Moho Mbouo NOUBOUWO Fabien assistant leurs épouses dont la sœur aînée venait de perdre son époux. Selon Moho Mbouo, ils « partageaient une même maison de beaux-frères » avec le Ministre TSAFACK Jérôme dont la veuve, sœur aînée de leurs deux épouses, faisait office de belle mère pour eux deux.
Les cérémonies traditionnelles qui ont suivi l’inhumation ont été marquées par ce "remaniement ministériel" qui envoie le patriarche TSAFACK Jérôme au poste de Ministre Délégué aux affaires célestes et qui promeut son fils FOBOUTI Gildas au poste de nouveau Ministre des jeunes de Baleng. Dès cet instant, il a été interpelé par le chef Baleng pour occuper la chaise laissée vacante par son père au conseil des sages de la chefferie Baleng.
Le dimanche 8 mai était un Ngang. Pour prouver à tous que le "Ministre des poissons frais" n’a jamais dérangé personne, la veuve n’a pas été cloitrée pendant une semaine comme c’est souvent le cas. Les rites de « Lavage des veuves » et « d’Accompagnement du deuil dans la famille paternelle du défunt» ont été exécutés au lendemain même de l’enterrement.Et tout le monde de dire : Va, grand homme et requiescat in pace !
Quelques souvenir du défunt
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