Coup d’œil sur le village Baleng (suite 2)
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- Publié le mardi 24 mai 2011 15:22
I. Histoire de la création de Baleng
II. Les réalités du village Baleng
III- LES DEFIS A RELEVER :
Baleng, tel que présenté dans les deux premières parties de cet article, est une chefferie à la croisée des chemins parce que tiraillée entre la tradition et le modernisme. Baleng aux multiples sollicitations ! Baleng aux multiples interpellations ! Avec l’avènement du jeune chef Tsobgny Jean Calvin qui a d’importants devoirs à assumer vis-à-vis des hommes et vis-à-vis de l’histoire, plusieurs défis interpellent les forces vives Baleng :
Défi économique :
Parlant des grandes fortunes à Bafou, on a très souvent fait allusion à "l’argent de Fo’o-Leng", le seul, l’unique, le vrai. Avec malice, son héritier, Tsobgny Salomon Johny Baleng II, s’amusait cependant à dire à ses amis : « mon père est parti avec son argent ». Le Fondateur du village Baleng était effectivement très entreprenant, très riche. Le village qu’il a créé devrait, par voie de conséquence, lui ressembler. Dès sa sortie du la’akem, le 09 février 2008, le jeune Johny Baleng III a décidé d’engager Baleng dans une dynamique de développement et de croissance. Il a inscrit la lutte contre la pauvreté comme une priorité majeure de son programme d’action. En sa qualité de coordonnateur des actions de développement du village, il a invité son peuple à réfléchir sur les voies et moyens de l’amélioration du quotidien des populations. L’aménagement des points d’eau potable à la chefferie, dans certains domiciles privés et au carrefour Johny Baleng, l’éclairage public aux endroits stratégiques de Baleng, l’amélioration de l’habitat par la construction d’immeubles imposants participent de cette volonté de relever le défi économique.
Le marché du carrefour Johny Baleng nouvellement réhabilité est encore embryonnaire. En dehors du petit commerce, les services les plus en vue y sont le transport par moto ou voiture, la location de chaises, de tables, de tentes, la restauration et le service traiteur. Ce marché devrait se développer davantage avec l’ouverture sur place d’une quincaillerie, d’une alimentation digne de ce nom, d’un dépôt de boulangerie et de boucherie. Les lieux de détente comme la Terrasse, le Madison ou l’Alimentation Club de Baleng feraient bon ménage avec l’hôtel, l’auberge ou le Centre d’hébergement dont la création trotte dans la tête de certaines élites du coin.
Défi social :
Dans la vie en société, il est primordial de privilégier l’entente, le dialogue et la paix, la solidarité et la concorde entre tous. Les Baleng sont appelés à travailler dans l’harmonie, à combattre la discorde, l’hypocrisie et la calomnie et à faire une guerre sans merci à tout ce qui les sépare au lieu de les unir. Embarqués dans le même navire, princes, princesses et simples Baleng devraient se donner la main et voguer ensemble pour le grand bien du village.
L’actuel chef l’a très bien compris et met tout l’accent qu’il faut pour être le Chef de tous les Baleng et non la propriété d’une famille ou d’un groupe de pression. D’ailleurs, en s’adressant pour la première fois à son peuple le 09 février 2008, il a dit : « Princes et Princesses Baleng, élites intérieures et extérieures du village Baleng, vaillantes populations du village Baleng, je suis votre Chef ! Je suis le Chef de tous les Baleng sans exclusive. Le nouveau Chef du village Baleng que je suis n’a pas de passé. Il ne peut donc pas avoir d’ennemis ni parmi les Princes, ni parmi les habitants de Baleng. Je ne suis la propriété ou la chasse gardée de personne ou de n’importe quel groupe de pression. Je suis tout neuf et je vous tends mes mains innocentes pour vous inviter à m’apporter votre concours pour que Baleng soit ce que nous tous voudrions qu’il soit. Le peuple Bafou tout entier nous regarde. Ensemble, relevons ce défi ! »
La crainte de Dieu ou la peur des foudres de l’au-delà est une réalité qui influe sur le comportement quotidien des gens et sur les actions qu’ils posent à Baleng. En dehors de l’Eglise Catholique du village voisin Balepouo, en marge de l’Eglise EPC dont une chapelle, "les portes de Sion", a été construite à Baleng, nos populations pratiquent le culte traditionnel en fréquentant leurs prêtres (Nkemssi ) ou (Njuissi ) et en offrant des sacrifices aux crânes des ancêtres et aux divers dieux (Si’h ) dont on voit les autels (Nguia-Si’h) dans presque toutes les familles. Les lieux de culte traditionnel, Fo’o Mbôh, Fo’o-Ndou, Mêboukem, etc… sont très courus.
Par rapport à d’autres villages, Baleng se présente comme le parent pauvre dans le domaine socio-éducatif. L’école publique de Baleng est une transformation de l’école des princes que le visionnaire Johny 1er avait ouverte en plein cœur de la chefferie dans les années 1940 pour la formation de ses enfants. L’unique centre de santé du village fermée depuis deux décennies se trouvait chez l’ancien infirmier Zoho Tonlé Marcel aujourd’hui décédé. L’émigration des jeunes vers les villes est favorisée par l’inexistence d’un établissement d’enseignement secondaire général ou technique. Le village n’a aucune infrastructure sportive. La grande et dynamique élite de Baleng devrait songer à corriger la carence en ces structures qui font cruellement défaut au village.
L’organisation administrative du village devrait également être revue. Un chef, une chambre coutumière avec le collège des neuf et des sept, les notables (les Moho Fo’o d’un côté et les Mekem de l’autre), les serviteurs du chef (Me-Tchoh’Fo’o), les responsables de la sécurité (comité de vigilance, mendzong, Tsouh, etc…). L’organisation territoriale devrait également prévoir la division du village en quartiers dont la gestion pourrait être confiée à des notables qui rendent compte de leur action directement au chef.
Défi culturel :
Les Baleng sont très souvent taxés de « Blancs » ou de « déracinés » n’ayant pas de grandes attaches avec la culture Bafou. Dès sa création, Baleng a été une terre d’accueil pour plusieurs personnes venant des villages de Penka Michel, de la Mifi, du Ndé et des Bamboutos. Plusieurs femmes originaires des chefferies de l’ouest avaient été données en mariage au chef Baleng et à certains de ses ministres comme Zoho Hoguen. D’autres, "prélevées" parmi les esclaves en transit à Baleng, avaient également été mariées sur place. Le brassage entre ces "étrangers" et les Bafou de pure souche a créé un métissage qui a fortement influencé les us et coutumes et les expressions culturelles. A titre d’exemple, la langue parlée à Baleng a des intonations et des circonlocutions spéciales qui font sourire ceux qui nous entendent. La danse "Mamgambeu" que les Baleng exécutaient avec tant de fierté vient de Bangangté. Avec tous ces apports extérieurs, l’identité culturelle du village Baleng reste à redéfinir, à remodeler et à promouvoir.
Dans le domaine de la musique moderne, Baleng a connu dans les années 1950, des vedettes comme Victor Sob Nanfah et Massa Cha’ Djiongo qui ont fait presser un disque 33 tours en vinyle dans la maison OPIKA. Tout récemment, nous avons eu à apprécier sur compact-disc audio, quelques chansons de Naoussi Telong Justin et de Dongmo Kenfack Bertrand et puis, plus rien !
Sur le chapitre de la production littéraire, quelques ouvrages ont été édités sous la signature de Zébazé Siméon, Tsobgny Panka Paul, Donkeng Cosmas et Tsagué Louis. Zébazé Benjamin a animé pendant les années chaudes du multipartisme naissant, un journal, «Challenge Hebdo », qui, par sa disparition jugée trop précoce, a laissé ses nombreux lecteurs sur leur faim. Djongo Claude s’est également illustré dans le journalisme avec « l’investigateur déchainé ».
A ce jour, combien de Baleng savent chanter l’hymne (ou chant patriotique) Bafou ? Combien d’entre eux savent battre le tam-tam, jouer du xylophone, des mè-ndzang et des castagnettes ou simplement entonner et animer les danses de mendzong et du Ngou’h Fo’o ? Combien savent comment se jouent et se dansent le Samba, le Ntio’oh, le Kah’na, le Kôho-Ndzang, le Kwa-Kwa, le Mendzong, le Ka’a, etc… ? Le problème ainsi posé interpelle le chef de village qui devrait inviter les hommes, les femmes et les jeunes à lui proposer la création et l’animation régulière du village par telle ou telle danse au domicile de tel ou tel.
On devrait également penser à instituer et à faire fonctionner un lefeum à la chefferie ou, le cas échéant, chez un grand notable. La danse du Magambeu chez papa Ngatchou André, devrait être réhabilitée avec un accent de réadaptation aux réalités culturelles locales. Le Kôho-Ndzang chez Moho Djou Kemda Léonard devrait aussi être redynamisé. Certaines danses prestigieuses devraient être instituées dans les grandes concessions à Baleng, de manière à permettre une animation culturelle permanente qui fasse vivre le village en maintenant allumée la flamme de la fraternité, de la concorde et de la solidarité.
Les notables Baleng devraient se rapprocher du Chef pour créer, au sein des réunions qui se tiennent dans les villes, à la chefferie ou même dans leurs concessions, des groupes de danses traditionnelles purement Bafou pouvant animer les fêtes et les veillées au village. A Bafou, l’exécution de certaines danses a rendu certaines localités célèbres : nous connaissons le Nti’oh de la chefferie Ndzifeng, celui du notable Sa’atong et celui des Pô’ôh Wamba à Mb’iih. On pourrait aussi citer le Samba de Moho Menla’h, etc…
A suivre …
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