Funérailles de classe dans la famille Menkem Djieu Nguemdzi

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Publié le mercredi 20 mars 2013 18:33

Les 7, 8 et 9 février 2013 au quartier Bazem à Bafou, Menkem Djieu Nguemdzi Léonard, Foga Paul, Ma’ah Mêfo’o Nkong-La’a Kenfack Yvette, épouse Me ZANGUEU, leurs autres frères et sœurs dont la liste est assez longue, ont rendu un hommage mérité aux morts de cette grande famille. Tandis que les uns célébraient la mémoire de leurs mères, de leurs frères ou de leurs sœurs, les autres accomplissaient leur devoir traditionnel vis-à-vis de la mémoire de leur papa dont les funérailles avaient été faites quand ils étaient encore enfants.

Sous la haute supervision du chef de famille Menkem Djieu dont la grande cour était le théâtre de toutes les cérémonies, ces funérailles multiples ont commencé le jeudi 07 février 2013 par l’implantation du « Akoup » du défunt père ou des défunts enfants mâles majeurs en même temps que les « Achou-choung » des femmes décédées. Les différents clans d’âge des Mendzong dont c’est la prérogative, ont officié avec entrain accompagnés des chansons et des youyous des femmes Bazem.

Avant l’ouverture proprement dite des funérailles par le « Lefeum », il y a eu la réception des différents clans d’âge de Mendzong, celle des fils et filles de la concession élargie aux belles-familles et enfin celle des hommes et des femmes du quartier Bazem. On a ainsi assisté dans diverses concessions, à l’abattage des bœufs, des porcs, des chèvres et de la volaille destinés à la restauration des hôtes. Les ripailles ont commencé en soirée et se sont poursuivies jusqu’au petit matin du vendredi 08 février.

Ce vendredi 08 février, aux encablures de 10 heures et en présence de presque tous les enfants de la concession, le chef de famille Menkem Djieu NGUEMDZI a entrepris d’officier un rite d’action de grâces ou « fêh » dans la « maison des crânes » afin que la paix règne dans la famille et que tout se passe bien. En effet, ces funérailles interviennent après une longue période de mésentente entre certains fils et filles de la famille. Il était de bon ton de solliciter l’intercession des mannes des ancêtres et les dieux de la famille et du quartier pour que la paix, l’entente et la concorde reviennent dans la famille.

Juste après cette phase indispensable, les enfants de la famille accompagnés de leurs amis, des membres de leurs différentes réunions, de leurs belles-familles et de tous ceux qui ont un lien avec les défunts à l’honneur, ont effectué leur descente de funérailles dans la cour du Chef de famille. Comme le veut la coutume, ils avaient les mains chargées de casiers de bières, du vin en bouteille ou en brique et des paquets de nourriture cuite, « me phou’ keu-ndong », enveloppée dans des feuilles, des paniers ou des cartons.

Le même vendredi au petit matin, un bouillon chaud a été servi aux invités présents au domicile de FOGA Paul, pendant que les femmes s’activaient à la cuisine pour les différentes réceptions qui interviendront dans la journée. Une messe d’action de grâce a été dite à la mémoire de Mégni FOUEGO Véronique, mère de FOGA Paul et des autres morts de la famille. Par la suite, le Curé de la Paroisse St-David de Fombet a enchainé avec la bénédiction de la concession de FOGA Paul. Pour terminer cette journée, une réception a été offerte aux convives autour de Sa Majesté Fo’o Ndong de Bafou et son homologue Fo’o Nguemeni de Baleveng dans les domiciles de FOGA Paul et de NGUEFACK Maurice.

L’apothéose a eu lieu le samedi 09 février. Dés 10 heures, la cour de Menkem Djieu Nguemdzi est envahie par les groupes de danse, ainsi que les enfants accompagnés de leurs invités. On a noté avec satisfaction, le petit monde de FOGA Paul lors de sa descente. Madame ZANGUEU née KENFACK Ma’ah Mêfo’o Nkong-la’a Yvette n’a pas été en reste car le nombre élevé de ses peaux de panthères, son habillement et celui de ses enfants ont émerveillé l’assistance.

La chefferie supérieure Bafou avec la Reine-Mère en tête, a mobilisé plusieurs Mèfo’o, princes et princesses pour soutenir Ma’ah Nkong-Fo’o, épouse du Chef Supérieur et fille de Menkem Djieu NGUEMDZI, qui pleurait sa mère. L’exécution de la danse des enfants du Chef « Azeng po’o fo’o » a électrifié l’assistance.

Pour rehausser l’éclat de cette cérémonie avant l’arrivée du Na’ah-te ma’h Têh Ndong Megang, le Samba Ndedong de Menkem Sa’a a fait sensation en allant chercher FOGA Paul chez lui, accompagné de son ami Moho Kouemelock Nguenang Salomon, pour une descente spéciale agrémentée des applaudissements et des cris dans la cour de son père.

La cérémonie a changé de visage avec l’arrivée de Fo’o Ndong. C’est ainsi que les enfants de Menkem Djieu Nguemdzi à l’instar de FOGA Paul et de ses amis traditionnellement parés, ont, à la suite de Sa Majesté, esquissé des pas de danse dans le keza’ah, le Ngou Fo’o et le Mendzong. Dans une chorégraphie dont lui seul maitrise le secret, Fo’o Ndong a émerveillé la foule par ses pas de danse qui déclenchent inévitablement les applaudissements et les youyous des femmes. Après cette prestation du Chef, la danse du père de la concession « Azeng ngang mba’a » a clôturé cette phase.

Partout où il rencontre son peuple, Fo’o Ndong ne manque jamais l’occasion de leur adresser la parole. C’est ainsi que lors de cette cérémonie, il a tenu à rappeler aux Bafou de s’inscrire massivement sur les listes électorales.

Notre tradition avait prévu que les funérailles s’achèvent avec la « casse de la tête du porc ». Dans la famille de Menkem Djieu Nguemdzi, il y a eu, dans presque toutes les concessions et jusqu’à tard dans la nuit, des « casses des têtes ... de bœuf, de chèvre, de porc, de poulets et même de poissons ». Conclusion : la fête a été belle !

Menkem Djieu NGUEMDZI Léonard, le père de la concession, a remercié tous les membres de sa famille, la population Bazem pour avoir répondu présents à cette cérémonie. Il a exprimé sa reconnaissance à tous les amis qui sont venus les soutenir en une telle occasion, lui et ses enfants. Enfin, toute sa reconnaissance est allée à l’endroit de Sa majesté le Chef Supérieur Bafou qui a donné un éclat indescriptible à cette cérémonie. Je souhaite, a-t-il dit pour conclure, que toute la famille Menkem Djieu Nguemdzi vive dans l’amour et l’entente.

FOGA Paul : je suis très ému car mon monde que j’ai est venu m’aider à rendre le dernier hommage que je devais à ma mère Mégni FOUEGO Véronique. Je leur dis infiniment merci pour leur soutien tout au long de cette cérémonie. Je vais terminer en disant à la jeunesse de ne jamais oublier notre tradition, car personne n’est jamais rentré au village parce qu’il a rendu un dernier hommage à ses parents ou grands-parents.

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