L’éducation traditionnelle
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- Publié le jeudi 3 janvier 2013 15:13
Eduquer un être humain c’est l’élever, le faire croitre, l’emmener, le façonner, le conduire, … Chez les MBOUM-Bamiléké en général et chez les Bafou en particulier, éduquer se dit "Léko’oté" "Alechité" et instruire c’est "Letoeuk-gning". A Bafou, l’éducation traditionnelle se fait au moyen de la littérature populaire et des actions sociales ou communautaires. Cette littérature populaire est orale et variée dans ses formes ; les plus en vue sont les proverbes : "Achounèlah", les contes : "Méghasiaksiak", les devinettes : " Méghata’ata’a", les chansons : "Mézob" et les danses "Mézeng".
1. « ACHOUNELAH » ou « ACHOUNELEPOUH » : LES PROVERBES
Plus poétique, mieux élaborée avec une forme fixe qui ne souffre pas de variations dues à la fantaisie des individus, le proverbe existe avant l’individu auquel il survivra. Le proverbe est porteur, support d’un potentiel philosophique d’un fond de pensée immuable. Le proverbe est la forme la plus utilisée dans les discours, les cours de justice traditionnelle. Il arrive que toute une palabre soit réglée uniquement au moyen des proverbes. Le juge ou l’Avocat africain, Bantou, Mboum, Bafou se réfère à sa mémoire. Le proverbe exige l’âge, la raison, l’expérience, la réflexion et la sagesse. Cette forme est localisée dans la couche populaire mûre, habituée à réfléchir.
2. « MEGHASIAK’SIAK » : LES CONTES
Plus accessible que le proverbe, le conte n’a pas de forme fixe ; le conteur peut le modifier à son gré. Ce qui compte, c’est la philosophie que le conte exprime, l’idée qu’il renferme. Le conte exige une mémoire bonne et inventive. Le conte veut plaire et distraire, instruire et enseigner.
- Plaisir et distraction : Le poète-conteur brode à sa fantaisie, le récit est une anecdote – fait divers – qu’il peut étendre à volonté ; par sa partie chantée : gai ou triste, le conte s’adresse à l’âme qu’il chatouille, il est conçu pour plaire. Aussi le conteur s’exhibe le soir, au clair de lune ou devant un grand feu. Le conte est un passe-temps, un délaissement, le soir après le travail d’une chaude journée pendant les travaux champêtres.
- Instruction et enseignement : Le conte, tout en distrayant donne des préceptes moraux :
La dénonciation de la conscience d’une vie déréglée, du mensonge, de la médisance, de la trahison, de l’ingratitude, de l’égoïsme, de l’infidélité, de l’idiotie, de l’ambition, de l’avarice, …etc.
Le conte développe aussi un paradoxe comme il y en a tant dans la nature (que faire devant un paradoxe ?) exemples : La gazelle est petite mais intelligente ; le léopard est fort, brutal mais sot : on le trompe facilement ; le singe est instinctif mais rusé et malicieux ; l’homme est pourvu de la conscience et de la raison, mais il lui manque souvent la présence d’esprit pour agir en conséquence.
Il y a toujours une leçon, explicite ou implicite à tirer du conte ; cette leçon porte parfois si bien que le conteur présente souvent pour exploiter la crédulité des enfants, les faits comme s’étant passés véritablement.
3. « MEGHATA’A-TA’A » : LES DEVINETTES
C’est un jeu où l’esprit doit deviner les choses, les idées désignées par un signe donné. Un objet, un son, une forme phonique donnée, traduisent une idée et toujours la même. Ce jeu développe la mémoire, l’imagination, la réflexion, le sens d’associer les signes aux idées, les idées aux signes, les idées aux idées et les signes aux signes. Les signes se codifient et finissent à la longue par désigner toujours les mêmes idées :
Exemples : Je ne suis ni devant, ni derrière = les pieds
Ce qui fait pleurer le chef = la fumée
Mon feu qui dans l’eau ne s’éteint pas = un fruit mûr rouge
La maison construite par mon père n’a qu’un pilier = le champignon
Les devinettes ressemblent un peu aux proverbes avec leur forme figée. En elles on ressent une philosophie de l’expérience quotidienne, une philosophie du bon sens, un sens de géométrie élémentaire. A priori, pas de leçon morale dans ce genre ; elles sont conçues pour plaire et divertir, mais qui a une influence énorme sur l’éducation et le développement de l’intelligence.
4. « MEZOB » : LES CHANSONS
C’est une construction vivante des poètes alors que proverbes, contes, devinettes ne le sont pas : on ne sait pas quand les chansons sont nées. Elles naissent à toutes les époques, toujours à partir des évènements, plus ou moins sensationnels, plus ou moins caractéristiques. Les chansons sont donc datables et localisables dans le temps et l’espace. Elles portent une pensée, une musique. Le poète utilise les chansons pour toucher toutes les couches sociales c’est un fond puissant de pensée, un trésor inépuisable d’idées, un moyen d’expression plus ou moins renouvelable, un ensemble de valeurs sous exploitées.
5. « MEZENG » : LES DANSES
C’est un ensemble d’exercices physiques qui nécessitent et la rime et le rythme qui s’arriment à la culture. La danse fait appel au chant et permet, dans ce système d’éducation de former aussi le physique ; comme pour dire « un esprit sain dans un corps sain ». Tout comme le chant, elles portent une pensée, une musique, c’est un moyen d’expression très puissant, un système de valeurs à exploiter. Les danses nous accompagnent toute notre vie, même dans le tombeau. Elles véhiculent, par les expressions, des idées et des pensées de l’être dans ses fonctions essentielles et vitales.
L’éducation traditionnelle, à part cette littérature orale populaire, se retrouve dans les séances d’initiation, dans les groupes sociaux ou associations, les séances de palabres. Les pourparlers divers : négociations d’affaires, de mariage ; d’exécution des cultes et rites. Elle nous permet d’avoir l’art du savoir-vivre, du savoir-faire, savoir-être.
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