Vue panoramique de Bafou
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- Publié le mercredi 5 mars 2014 16:10
QUE SONT DEVENUS LES HÉRITIERS OU GARDIENS DES CRANES ?
Beaucoup d’entre nous sont nés et ont grandi au village auprès de nos parents et grands-parents, mais aussi auprès de nos us et coutumes dont l’initiation leur est plus ou moins favorable, à l’instar de ceux qui aujourd’hui, peuvent tabler sur un certain nombre de choses que le Chef supérieur doit respecter et qui sont susceptibles au cas contraire ; de booster à la dégradation de son propre scénario.
De même, il y en a de ceux qui sont nés dans les grandes métropoles sans toutefois faire un moindre retour au village natal comme apprenants auprès des parents et grands-parents.
Ils effectuent le déplacement pour le village lorsque soudain, contre toute attente, un parent vient à disparaitre.
Dès lors que les cérémonies traditionnelles d’usage sont terminées, il s’avère d’après les dernières volontés du défunt que le choix porté sur l’héritier, soit fait sur l’un des enfants en provenance de la ville ; ignorant de près ou de loin, les rouages de la mission traditionnelle à lui dévolue.
Celui-ci retourne dans sa ville de résidence, se croise les bras et puis, plus rien. Comme si cela ne suffisait pas, il frappe sa poitrine tel un exploit et dit d’un ton moqueur à celui qui veut l’entendre : c’est moi le successeur de mon père et tous ses biens me reviennent.
Déjà qu’il ne se retrouve plus devant son rôle et ses responsabilités d’autant plus qu’il n’a pas eu l’idée de se greffer et de consulter ceux des plus proches déjà initiés.
Les maisons laissées par le défunt en ville comme en campagne tombent en décrépitude par manque d’entretien, les veuves et les orphelins se battent seuls pour la survie : le cas du village étant très récurrent, car de nos jours, nous vivons beaucoup plus dans des villes à cause de l’exode rural très prononcé. Que faire, surtout qu’il n’existe plus tout ce monde qui, autrefois, entretenait constamment dans les villages vies humaines, concessions et autres ?
On ne doit pas simplement accepter son titre de responsable sans savoir et pouvoir jouer pleinement son rôle constitutionnel vis-à-vis des frères, sœurs, demi-frères et veuves.
Le respect que l’on donne à un responsable est à juste titre, une émanation de son aimable comportement face à ses sujets car, certains sont réceptifs, méthodiques, charismatiques, et attentionnés ; alors que d’autres sont de caractères répressifs, impulsifs, dictateurs, refusent de collaborer, décident unilatéralement à leur propre gré et sont dénués de toute ambition.
D’autre part, ils s’accaparent des biens laissés par les parents défunts, oubliant qu’en fait, tous les enfants du même parent sont les cohéritiers et que l’héritier principal n’est autre que le gardien des biens ou l’administrateur des biens de toute la famille. On lui donne le nom de modérateur ou d’arbitre.
Alors le grand nom que portait le défunt s’amenuise et tend à disparaitre de l’échiquier traditionnel; et son portrait devient flou dans les mémoires.
Toutefois, certains noms de grandes sommités ou icônes au rang des notables disparus, devraient être pérennisés ; pour le grand bonheur des héritiers qui aujourd’hui sont restés perdus dans l’ombre de leur maladresse, ou alors qui sont phagocytés par des prédateurs,à l’instar de la grande bourgeoisie et autre, en quête permanente des honneurs et de noblesse. La notabilité ne saurait être une histoire de marketing ou de plus-value ; loin s'en faut.
Il s’agit ici des initiatives consultatives du ''moi haïssable et égoïste'' pour le phototropisme ou la bataille pour arriver au soleil et dont le fond et la forme échappent au commun des mortels.
On recherche l’excellence dans un mouvement d’ensemble défini parfois par des pas feutrés, l’harmonie étant la règle d’or orchestrée par chaque partition concordante pour l’obtention du rendu positif. On a tendance à oublier derechef que plus, le collectif aux énergies concentrées est mis en place pour la cause, plus le rendement est admirable; d’autant plus que la bourgeoisie des uns détourne les missions régaliennes du chef d’une communauté en même temps que la tradition version originelle s’effrite et s’envole.
Vivement que l’échauffement de l’élite Bafou ne soit que feu de paille autour du Chef supérieur, où les conseillers ne s’illustrent que par les baisers de Judas à ciel ouvert.
Le ton est ainsi lancé à toute la communauté Bafou tant nationale que de la diaspora, de démontrer le rapport de force inhérent au dynamisme culturel du peuple par rapport aux ambivalences qu’entretiennent les uns et les autres.
Parfois l’on conduit le Chef à commettre certaines erreurs de gouvernance, lui qui considère son équipe comme étant ses yeux, sa voix et sa parole.
Sa majesté n’a pas vraiment besoin de leadership autour de lui, mais plutôt des têtes vouées au rationalisme : dans une équipe de football, un seul joueur ne saurait dribler seul hors de la surface réglementaire matérialisée et prétendre marquer un but anthologique. Si nous croyons aider le Chef supérieur dans ce sens prosaïque, ce n’est pas du tout normal, car nous serons un jour coupable de nos œuvres fourbes. La sauvegarde du patrimoine culturel consisterait à ne pas nommer les chefs sans femmes et sans population (sujets), ce qui crée souvent des divisions concurrentielles susceptibles d'affaiblir le pouvoir central.
Si aimer son village était synonyme d’acceptation de toutes les immondices, il ne serait pas possible de décrier quelques pratiques plus ou moins décousues orchestrées par le protocole le plus proche du Chef supérieur, qui a, au cours des temps, confondu la libre donnation à un don exigible, qui selon les uns et les autres reste une forme de démonstration irrationnelle, ou tout au moins une arnaque créant des malaises qui, petit à petit, pourront devenir une terreur entachant nos honneurs et nos valeurs : ici, il n’existe ni enfant, ni grand, ni pauvre, ni riche. Les hommes du protocole sans foi ni loi, arnaquent, selon que les organisateurs des cérémonies traditionnelles soient nantis ou pas, peu importe. Cela s’étendrait même jusqu’aux orphelins éprouvés, victimes de cafouillages et ratissages des sous au nom du Chef supérieur et des dames royales, venues accompagner ce dernier.
· Il est judicieux de lever le pan de voile qui existe entre les notables réels et les notables qui forment le complément circonstanciel des moyens; sinon, à quoi rimerait leur activisme trompeur ?
· Donner à notre élite une dynamique nouvelle axée sur la donne exacte des valeurs réelles du patrimoine authentique, tant aux nationaux qu’à ceux de la diaspora.
· De répercuter dans nos lieux de résidence ce que faisaient autrefois nos ancêtres autour du feu.
· D’apporter notre contribution active qui puisse illuminer la mémoire du chef dans l’exercice de ses fonctions.
· De rechercher à rétablir le protocole traditionnel afin que chacun retrouve sa place réelle dans la société Bafou.
· De lutter pour retrouver les entités qui sont les nôtres à part entière et non entièrement à part au cours des manifestations traditionnelles, car certains voient leurs valeurs et leurs places bafouées au rythmes du temps, les reléguant toutefois à l’arrière-plan du décor.
· De faire des échanges fructueux des points de vue sur la signification des choses en rapport avec nos us et coutumes.
Ne dit-on toujours pas que les grands notables sont ceux des personnes qui depuis les temps jadis, ont su marquer les grands chefs et rois de par leur courage, leur témérité absolue, leur dévouement surtout leur charisme pouvant les faire disparaître dans l’invisible pour les mêmes causes lorsqu’il fallait faire des guerres de sécession ou d’annexion des territoires et où ils utilisaient les phénomènes paranormaux ?
Et puisque les guerres d’hier et ses guerriers n’existent plus, pourquoi donc accroître ou distiller les titres honorifiques du jour au lendemain à ceux qui n’ont jamais eu à jouer ce rôle ? Pourtant ils ont laissé les héritiers plein dans cet art chromosomique initiatique. C’est à peine qu’ils sont consultés dans des instances traditionnelles actuelles, parce que, éreintés par une certaine frange de personnes friandes du soleil et du leadership traditionnels.
Aujourd’hui, comme le temps est passé, ce courant de pensée devient anecdotique eu égard aux différentes mutations poussant les mêmes raisons à ne plus être d’actualité.
En jetant un regard furtif autour de nous, on constate avec conviction que certains dont les parents n’étaient que des tisserands, menuisiers, maçons, forgerons et cultivateurs, ont eu des titres de notabilité sans avoir à faire les combats de sécession , ni même des actes de bravoure et de courage, mais parce qu’ils ont simplement utilisé les moyens pécuniers, d’autant que ces mêmes représentants (héritiers) clament haut qu’ils sont les vrais notables Bafou. Qu’ont-ils fait comme miracle pour mériter cela de la chefferie ?
Certainement que ces forgerons, maçons et autres n’ont brillé à l’époque que par leur popularité liée à leur tâche, leur art, leur singularité, ou à leur installation comme pionniers dans un site sans doute plein d’histoires vécues et de faits divers. Tout est bien possible, même lorsqu’on n’est pas issu du sillage de la lignée du pouvoir dynastique. Alors, on emprunte les chemins inavoués du snobisme exaspérant.
A dire vrai, la modernité est universelle, mais la tradition reste et demeure tout ce qui nous appartient, d’autant plus qu’elle reflète fidèlement notre identité telle que conçue par nos premiers ancêtres.
Les gardiens des crânes (me kem, me mo’o) ou encore gardiens de la tradition à eux léguée de père en fils par les ancêtres sont incontournablement des notables à part entière. Le Chef supérieur est avant tout "un kem" et "mo’o" avant d’être de par le concept qui nous échappe de la lignée dynastique des rois Bafou, puis arrêté comme Chef supérieur du groupement.
Hier l’arrestation des chefs ou des notables ne s’opérait pas au hasard sur le premier venu. Ces motivations relevaient de la stricte discrétion, depuis le jour de naissance du futur héritier. Cela restait au rang des faits mystérieux observés pendant la grossesse, la naissance, accompagnée de signes précurseurs pour annoncer le destin puissant de l’enfant qui naîtra ou qui est né. C’est un phénomène au cours duquel chaque parent observe à sa manière consciente.
On ne devient pas chef ou héritier des suites d’un coup de baguette magique, mais on naît chef ou notable. Il ne saurait avoir de chemin retour à l’expéditeur défunt une fois l’arrestation faite.
On ne le change pas, on ne le prête pas, on ne l’achète pas, et ceci depuis les siècles où l’ensemble des premières lois traditionnelles ont été votées et consignées par les premiers ancêtres de chaque village ou de chaque tribu.
Il y’a aujourd’hui, comme un phénomène de substitution de notabilité naturelle au détriment de celui appartenant à une notabilité née de la génération spontanée, au statut hautement pécunier qui dénature les données traditionnelles en conduisant les lois ancestrales à la dérive…
Et que pensent-ils, ceux-là dont la source de représentativité traditionnelle inconnue jaillit de l’impasse ?
MϽ'Ͻ KEMENANG
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