Comprendre et prévenir la maladie a virus EBOLA
- Détails
- Publié le mardi 28 octobre 2014 12:32
Pr Siméon Pierre CHOUKEM1 et Dr Henri René ZAMBOU2
1Professeur Agrégé de Médecine, Hôpital Général de Douala; Faculty of Health Sciences, University of Buea
2Docteur Vétérinaire spécialiste des zoonoses, EQUAVET Group et Association Epidémiologie-Santé Publique-Vétérinaire, Douala
Une épidémie de la maladie à virus Ebola (MVE) peut survenir après qu’un homme ait contacté la maladie auprès d’un animal infecté. Ce cas humain devient par la suite la source d’une transmission interhumaine rapide à travers les liquides corporels d’où l’épidémie. Parce qu’il n’y a pas de traitement curatif pour cette maladie, la clé pour contrôler l’épidémie repose sur la prévention de la transmission interhumaine tout en assurant un traitement de support aux personnes infectées.
Qu’est ce que c’est ?
La MVE est une maladie gravissime, souvent fatale chez l’homme. Elle fait partie de ce qu’on appelle maladies réémergences, c'est-à-dire qu’elle apparaît sou forme d’épidémie, puis disparaît pour réapparaître quelques années ou décennies plus tard. Il s’agit d’une fièvre hémorragique, car les personnes infectées font de la fièvre et saignent.
D’où vient-elle ?
La toute première épidémie humaine de la MVE est survenue en 1976 concomitamment au Soudan et en ex-Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo, RDC). Le nom Ebola attribué au virus vient de la rivière « Ebola » qui traverse le village qui était touché en ex-Zaïre. Au Zaïre elle toucha 318 personnes (280 morts), et au Soudan 284 personnes (151 morts). Depuis, lors il y a eu une vingtaine d’épidémies, dont la dernière avant l’actuelle date de novembre 2012 à janvier 2013 en Ouganda (6 cas, 3décès).
Comment se transmet-elle ?
Transmission de l’animal à l’homme
L’homme contacte le virus en manipulant un animal vivant ou mort. La chauve-souris est le réservoir principal connu. Elle le transmet à d’autres animaux notamment les primates (singe, babouin, chimpanzé, gorille…). Lors d’un éventuel contact, l’homme se contamine et à partir de là commence la transmission interhumaine (voir image). Il est important de comprendre que le passage de l’animal à l’homme est très rare, c’est pour cela que la maladie peut disparaître et ré-émerger après des années, temps nécessaire pour qu’au fils de multiples contacts entre les hommes et les animaux, un homme ait la probabilité de rencontrer un animal infecté.
Transmission interhumaine
La transmission du virus Ebola entre les hommes est extrêmement facile ; il s’agit donc d’une maladie hautement contagieuse. Elle se fait directement par les contacts humains à travers tous les liquides corporels (sang, salive, sueur, vomissures, urines, selles, crachats, sperme, sécrétion vaginales) d’une personne infectée vivante ou morte, ou indirectement par les contacts avec les objets (habits et autres) souillés par les sécrétions d’une personne infectée vivante ou morte. Il est à noter que le malade devient contagieux à partir du moment où il fait de la fièvre.
Comment se manifeste-t-elle ?
Lorsqu’une personne entre en contact avec le virus, les manifestations commencent 2 à 21 jours après (phase d’incubation). Les différents signes sont les suivants :
Au début : fièvre, maux de tête, courbatures, fatigue, perte d’appétit, angine, douleur abdominale, nausée. Ces manifestations ressemblent à celle plusieurs maladies communes (paludisme, fièvre typhoïde…).
Par la suite apparaissent des signes plus graves : saignements internes, saignements des yeux, des oreilles et du nez, vomissements, toux et diarrhée tous pouvant contenir du sang, saignements sous la peau comme dans le cas d’une brûlure.
Gravité de l’épidémie actuelle du virus Ebola
L’épidémie actuelle est de loin la plus grave de l’histoire de toutes les épidémies d’Ebola, et le nombre de personnes touchées ou décédées au jour d’aujourd’hui est 5 fois plus élevé que celles de toutes les épidémies d’Ebola de l’histoire réunies. D’après les statistiques de l’OMS au 24 octobre 2014 : 9937 personnes ont été malades depuis le début de l’épidémie, et 4877 de ces personnes sont décédées, soit un taux de mortalité d’environ 50%. Cette épidémie est aussi inédite parce qu’elle s’est étendue sur 7 pays dans 3 continents, auxquels il faux ajouter les cas recensés en RDC qui n’avaient aucun lien avec ladite épidémie. Trois pays sont gravement touchés : Libéria, Sierra-Leone et Guinée Conakry ; la situation est sous contrôle au Nigeria et au Sénégal ; des cas ont été déclarés aux Etats-Unis et en Espagne.
L’épidémie en Afrique de l’Ouest a été déclarée en fin mars 2014, mais en réalité l’origine remonte à décembre 2013. Le tout premier cas connu est un petit garçon en Guinée qui se serait contaminé à travers la viande. Il est décédé le 28 décembre 2013 dans son village situé non loin du carrefour des frontières libériennes et sierra-léonaises. Le garçon ayant contaminé sa famille, l’épidémie s’est propagée pendant 3 mois avant d’être formellement reconnue, ce d’autant plus que c’est bien la première fois qu’elle touche l’Afrique de l’Ouest.
Pour comprendre la progression rapide de la maladie au sein des populations, imaginez combien de personnes vous saluez chaque jours avant midi, imaginez ensuite combien de personnes chacune de celles dont vous avez serré la main salue à son tour avant la fin de la journée, ainsi de suite, et vous aurez le compte.
Comment la prévenir?
Le but majeur de la prévention est d’interrompre la transmission de l’animal à l’homme et surtout entre les hommes.
Prévention de la transmission animal-homme
1. Eviter tout contact avec les animaux et le gibier : ne pas chasser ou manipuler les animaux sauvages, surtout la chauve-souris et les primates (singe, chimpanzé, babouin, gorille).
2. Eviter d’acheter ou de manger le gibier. Ceci évitera que des gens aillent chasser, diminuant ainsi la probabilité de tomber sur un animal sauvage infecté.
3. Eviter de consommer les fruits en partie mangés par la chauve-souris.
Prévention de la transmission interhumaine
Prévention de la diffusion dans la communauté
La prévention de la diffusion dans la communauté repose sur l’information, l’éducation la communication (IEC). Cette prévention requiert un changement notable des habitudes.
Dans une communauté où il n’y a pas encore de cas déclaré
1. Eviter de voyager dans les zones d’épidémie avérée.
2. Ne pas admettre les personnes venant des zones d’épidémie sans au préalable les interroger et les examiner. Isoler pendant un au moins 21 jours toute personne suspecte de contact. Ceci fait appel au système de surveillance épidémiologique mis en place au niveau des frontières et des aéroports.
3. Parce qu’un changement des habitudes requiert du temps, les populations doivent adopter et s’habituer à des attitudes et pratiques préventives, pour être prêtes au cas où une épidémie se déclare.
Dans une communauté où il y a une épidémie
Adopter les bonnes attitudes
1. Les autorités sanitaires doivent créer un système pour identifier et confirmer les cas, tracer les contacts avec les personnes infectées et les isoler pendant au moins 21 jours.
2. Ne pas paniquer: On ne contacte pas Ebola dans l’air ou la nourriture bien préparée.
3. Diffuser les bons messages à toute personne que vous rencontrez. Ne pas diffuser des informations erronées.
4. Lire les affiches déployées par le ministère de la Santé dans les structures sanitaires.
5. Aller à l’hôpital immédiatement si vous ressentez un ou plusieurs des symptômes cités. Ceci pourrait préserver votre famille si c’était Ebola.
6. Appeler l’hôpital le plus proche pour toute question ou toute information sur un cas suspect.
Adopter les bonnes pratiques
1. Hygiène des mains: utiliser le savon et de l’eau propre, ou du gel hydro-alcoolique en vente dans les commerces et pharmacies. Ceci doit être fait après tout contact avec une personne.
2. Eviter de se serrer la main, de s’embrasser ou de faire des accolades.
3. Garder une distance d’au moins 1 mètre avec toute personne suspecte d’être infectée.
4. Eviter tout contact avec les secrétions corporelles ou tout objet qui a été en contact avec une personne infectée ou décédée d’Ebola.
5. Bien préparer les aliments avant de manger
6. Laisser incinérer ou inhumer par les spécialistes toute personne décédée d’Ebola. Eviter toute tentative d’autopsie traditionnelle.
Prévention au sein des structures sanitaires
1. Hygiène des mains
2. Utilisation appropriée des équipements personnels de protection pour éviter tout contact direct ou indirect avec les sécrétions corporelles des patients: les personnels de santé doivent maîtriser les techniques de port et d’enlèvement de ces équipements.
3. Stérilisation du matériel, respect du circuit et incinération des déchets.
4. Dépister, notifier, isoler et traiter les personnes infectées et les interroger pour tracer toutes les personnes qui ont été en contact avec elles.
Peut-on la soigner ?
Il n’existe pas de traitement spécifique ni de vaccine contre Ebola. La survie d’une personne infectée dépend des capacités de son système immunitaire à combattre le virus, et de la rapidité du traitement de support (perfusions, transfusions, traitement des symptômes…) donné par le personnel de santé.
Certains vaccins et traitements sont encore au stade expérimental et sont en cours de test. La communauté sanitaire et scientifique internationale fait des efforts énormes pour obtenir un traitement qui permettrait de contenir la maladie.
Numéros utiles en cas de question ou de cas suspect (Ministère de la Santé Publique)
Adamaoua : 55978660 ; Centre : 98009521 ; Est : 55978661 ; Extrême Nord : 55978664 ; Littoral : 98006681 ; Nord : 55978665 ; Nord-Ouest : 55978662 ; Ouest : 98009523 ; Sud : 55978663 ; Sud-Ouest : 98006649
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