DU DYNAMISME ORIGINEL AU DEVOIR DE BRAVOURE CHEZ LE JEUNE BAFOU
- Détails
- Publié le vendredi 18 juin 2010 09:12
S’il appartient aux éléments de l’atmosphère de déterminer les saisons et leurs mouvements cycliques, c’est aux jeunes générations qu’appartient l’avenir des peuples.
Or il n’est pas aisé de parler d’un peuple, c’est à dire de son passé, sans le rapprocher des faits présents. Une dynamique totale inclura même des prévisions pour l’avenir. C’est cet exercice de souplesse que l’on dénomme sous l’expression « faire de l’histoire ». Dans cette optique, faire l’histoire d’un peuple revient à repérer dans son passé des éléments qui puissent lui permettre de mieux accepter ce passé pour conditionner favorablement son avenir.Parlant de Bafou, nous sommes en présence d’un groupement Bamiléké qui abrite une Chefferie de 1er degré, s’étendant sur 178 km2 et ayant une population difficilement chiffrable à cause de son dynamisme dans l’occupation de l’espace tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Cameroun.
Or ce dynamisme ne date pas d’hier. Pour mieux le cerner, rappelons – nous que le dynamisme est puissance d’action, activité entraînante. Ce dynamisme a ici revêtu beaucoup de facettes au cours de l’histoire. Il s’est matérialisé chez les Bafou tant dans la diplomatie traditionnelle que sur l’organisation de la société.
Au niveau de la diplomatie traditionnelle, les souverains Bafou ont su concilier fermeté et dialogue avec l’élaboration d’un système d’alliances fort complexe. En effet, depuis la Principauté de Menlepeh jusqu’au Groupement Bafou actuel, ces souverains ont su conserver les relations d’amitié avec leurs voisins ; au – delà des rares conflits inhérents au contrôle de l’espace. Cette amitié s’est consolidée par des liens matrimoniaux entre les couronnes, transformant les conflits en simples palabres se terminant par des cessations de territoires au bénéfice de Bafou.
De même, ces souverains, de Fo NJIEMEZA à Fodong KANA Ier, ont le plus souvent préféré la ruse à la force, la dissuasion à l’affrontement. Ils ont à leur actif une amitié suivie avec les différentes administrations coloniales depuis la période allemande jusqu’à l’indépendance. Ceci se justifie par la lucidité de leurs amis et conseillers qui ont vite perçu le danger de l’hostilité affichée à l’endroit du Colon.
L’organisation même de la société a quelque chose de dynamique parce qu’elle inclut le passé représenté par les ancêtres, le présent par les vivants, et l’avenir axé sur les tout – petits et ceux qui naîtront. C’est une société très disciplinée et très hiérarchisée où le droit d’aînesse est respecté.
Contrairement aux apparences, la hiérarchisation de la société chez les Bamiléké en général et chez les Bafou en particulier, n’est pas figée. En effet, à défaut d’appartenir à une classe influente de naissance, on peut l’intégrer en accomplissant un acte de bravoure qui honore la communauté ou en acquérant un statut social appréciable hors du terroir. C’est ici qu’on parle d’élites désignées sous le vocable ‘‘Essa’a po’’.
A propos, nous allons faire un arrêt sur un jeune, un héros singulier qui a sauvé la communauté par un acte de bravoure face à un ennemi réputé dangereux : le peuple Bali Tchamba. Notre héros était un jeune homme avec de grosses cloches bosselées sur toute la surface du corps des pieds à la tête. Cette morphologie particulière lui valut le nom unique de TIAH TSANG qui signifie littéralement celui qui a trop de cloches au corps. Cette laideur ne le prédisposait pas à un rôle de premier plan dans la communauté.
Or c’est lui dit – on, qui se proposa à présenter un message de défi au peuple Bali Tchamba ou Barré Kambet qui campait sur le Mont Memboukem à Bassessa.
En effet, au crépuscule du règne de FOZAP, son fils Fo TEKONGMO qui avait besoin d’un coup d’éclat pour neutraliser ces peuples qui se faisaient menaçants, le fit apprêter comme suit :TIATSANG fut oint de charbon huilé et de résidus de fumée de cuisine. En plus de cette parure effrayante, l’on posa sur sa tête un grand coussin en fibres de bananier qui devait supporter une pierre filiforme longue de plus d’un mètre. En plus, l’on apporta des carrières de l’actuel Kékang une sacoche pleine de sable. Muni de ces bagages insolites, il fit irruption au campement ennemi et leur transmit à peu près ce message : « Mon chef me charge de vous dire que si le votre cuit à point cette pierre, il pourra le vaincre. Et nous autres Bafou sommes nombreux comme le sable de cette sacoche. Répandez ce sable dans votre repas et consommez – le ! Vous saurez si vous pouvez nous vaincre. »
Cette apparition causa la débandade dans le camp des Bali Tchamba et les guerriers Bafou embusqués en profitèrent pour les expulser du territoire. Les Bafou venaient de faire de la morphologie peu avantageuse de ce jeune homme un atout déterminant pour éloigner le péril qui pesait sur la communauté.
Voilà autant d’actes et de stratégies de dynamisme qui interpellent les jeunes d’aujourd’hui et qui semblent les orienter vers un avenir fait de particularités.
Intellectuel, le jeune Bafou le sera dans le sens le plus correct du terme ; c’est – à dire une personne capable de générer des idées qui puissent produire. Il devra s’adapter à son temps pour relever les défis qui l’interpellent. En plein 3è millénaire, il aura la triple mission irrévocable de Fils du terroir, Camerounais d’appartenance et citoyen du monde par vocation. En effet, ‘‘il n’y a jamais de nation sans terroir’’ et les peuples d’aujourd’hui devront apprendre à vivre la mondialisation de peur d’en devenir des sujets ou des victimes.
Dans un monde marqué par la dictature du relativisme, secoué par des chapelets de violences humaines, traumatisé par les ravages du SIDA et fragmenté par des querelles et des replis identitaires, le jeune Bafou devra se forger une place. Il devra aussi compter avec la situation socio – économique défavorable du Continent africain qui reste à réhabiliter. Il devra à coup sûr s’armer de discipline et de quête de cohérence, de courage et de détermination, d’esprit de solidarité et de concertation, de dynamisme et de bravoure.
Tous ces ingrédients constituent ce que nous appellerons désormais le nouvel esprit jescobain*. Il appartient donc à la jeunesse de les instrumentaliser avec subtilité et optimisme, afin de mieux inventer demain. Et à propos, il serait judicieux de prophétiser avec le Pr. CHEICK ANTA DIOP en affirmant que « l’univers de demain, selon toute vraisemblance, sera imprégné de l’optimisme africain. »
En un mot, le jeune Bafou d’aujourd’hui et de demain aura pour guide le discernement. Quand nous nous referons aux traditions Bantou en général et Bamiléké en particulier, le discernement y occupe une place de choix et s’acquiert par l’observation, les connaissances des traditions orales, mythologiques et les conseils des aînés.
C’est dire combien le savoir des livres devra être complété par une éducation parentale rigoureuse qui nous enseigne que le vrai dynamisme est une vertu qui permet de faire collégialement ce qui est bien et dans la continuité.
La jeunesse africaine d’aujourd’hui a, comme celle d’hier, grand besoin de l’appui sérieux des parents et aînés pour assumer son avenir dans un contexte social et international devenu très exigeant et presque intolérable.
Pour la réalisation de ces nobles ambitions dans le cadre desquelles s’inscrit le présent Congrès, la mémoire des ancêtres, le soutien des anciens et la volonté des jeunes y seront pour beaucoup.
Faire un Don à Bafou.org
Publi-Reportage
-
MUFID BAFOU : Un établissement de micro-finance en pleine croissance
A l’occasion de l’Assemblée Générale de la MUFID BAFOU qui a… -
LE CABINET DENTAIRE D’ETOA-MEKI ET SON PLATEAU TECHNIQUE TOUJOURS A LA POINTE
Au-delà de l’expertise avérée de l’équipe de spécialistes… -
MUFID de Bafou : un levier de développement du groupement Bafou sous exploité
A l’occasion de son Assemblée Générale tenu le 13 Août 2023 au… -
IUGET À LA UNE DE CAMEROON TRIBUNE DE CE JEUDI 20 JUILLET 2023 AVEC MIT ET AWS.
En achetant votre numéro, vous saurez tout sur la collaboration… -
Invitation : Sortie du La’akem et Intronisation de S.M. Fo’o Nkoho FEUDJIO Francis
Invitation : Sortie du La’akem et Intronisation de S.M. Fo’o… -
Faire-part : Cérémonie de sortie officielle du La’akem et d’intronisation de S.M. Fo’o TSAGUE VII YIMELE Ervé Marssial
GROUPEMENT BAFOU Chefferie de 3ème degré du village Sessa…