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LA SUCCESSION A BAFOU OU POURQUOI LE DECLIN DES FAMILLES ?

De nos jours, il n’est plus rare de constater le déclin de ces concessions qui jadis grouillaient de vie et  faisaient la fierté des quartiers et des enfants ; ceci dès le passage du Chef de famille  dans l’au-delà. On ne peut s’empêcher de se demander quelles sont les causes de ce déclin.

              

          

La concession meurt-elle avec son titulaire ? Et pourtant, un successeur est toujours désigné pour assurer la pérennité de la concession. On en vient à se demander quel sont les critères qui guident ces choix, et que deviennent les volontés du défunt ?

Nous voudrions tout juste ouvrir un débat, qui contribuera en l’enracinement de notre coutume dans le modernisme tout en préservant la tradition.

Le choix de son successeur par le défunt repose sur plusieurs critères. Souvent non divulgués et gardés au plus profond de son cœur, ces critères sont guidés, soit par l’ambition de prospérité pour sa concession, soit par un certain dépit.

Premier cas : la prospérité

Pendant sa vie, ce papa a observé le comportement de ses enfants et a pu identifier celui qui lui ressemblait le mieux, ou qui serai à même de faire rayonner sa concession. Il pourra bien rassembler les enfants et toute la famille, bref, le remplacer comme il faut. Dans ses calculs, le vieux  espère qu’il continuera, depuis l’au-delà, à vivre à travers l’enfant ainsi choisi. Parce qu’il a subi des injustices et des frustrations  en raison ou à cause de la position privilégiée des enfants de ses amis, il porte son choix sur untel,  car il estime que ce dernier se montrera à la hauteur des défis.

Dans les autres cas, et d’une manière ou d’une autre, le défunt s’est vu contraint :

* La mort l’a privé très tôt de celui qu’il avait pressenti pour lui succéder. Dans ce cas, le pauvre papa se contente  généralement de ce qu’il a en main, sans grand espoir pour la prospérité de sa concession.

* Pendant sa vie, une de ses femmes s’est  montrée très méchante, au point d’attenter à sa vie ou à celle de ses enfants, et peut - être par son comportement, elle  a semé la zizanie dans la concession. Alors le papa à son départ la conforte dans cette tâche et lui demande de terminer « le travail » qu’elle a commencé.

* Dans d’autres cas les garçons ont un comportement qui ne sied pas avec les attentes du papa. Il a pourtant de vaillantes filles. Cependant, une certaine tradition voudrait que seul un  garçon soit désigné. Le papa s’est résigné.

* Souvent le fils estimé se trouve exclu par une certaine tradition, parce qu’il est Sob, ou un enfant dont la mère a quitté la concession, ou un enfant conçu hors mariage. Dans ce cas le papa lui confie le successeur et par cette occasion là,  la concession.

* On a vu aussi les amis du papa, qui, à cause d’une certaine complicité avec une des épouses, s’organisent pour introniser celui là qui n’avait pas les faveurs du défunt. Il en ressort des testaments, qui ont été rédigés au moment même où le défunt de par la maladie, n’était plus en possession de ses moyens. Celui-ci n’a pu que ‘’ signer’’.

* Souvent par dépit total, et contrairement à ce que pensent certains, le vieux mourant, tout découragé se décide à ne designer personne.  C’est quelqu’un qui a été trahi. La succession se trouve parfois être décidée par élection.

Evidemment, ceux là qui se retrouvent à une fonction qui n’aurait jamais été la leur, ne peuvent qu’accumuler des défaillances successives. Toujours près des crânes à maudire leurs frères dans l’espoir de les voir offrir des sacrifices, ils se sont convaincu que ce sont les autres qui vont subvenir à leurs besoins, même élémentaires.

La question qui nous interpelle est de déterminer ce qu’ensemble la communauté doit faire pour faire revivre ces concessions, de plus en plus abandonnées, pour ne pas dire maudites.

Chacun doit jouer son rôle.

Il est souhaitable d’intégrer le fait qu’aux yeux de la loi tous les enfants sont héritiers, au même degré.  Et qu’à ce titre nul ne doit prétendre avoir plus de droits que d’autres ; le successeur a plutôt plus de devoirs. Il lui appartient d’avoir un peu d’humilité pour reconnaitre que sa stature de successeur ne lui confie pas une certaine rente que lui doivent les autres enfants.  En reconnaissant à chacun sa place, notamment aux ainés, Sob  ou Mo’O Kong’hi,  Messob, il gagnera la confiance de tous ses frères et sœurs. Se réfère t-il aux frères et sœurs de son père à la prise de décisions importantes, ou se croit-il devenu le plus intelligent grâce au testament ?

S’agissant des amis du défunt, du mourant, il faut qu’ils cessent  les manipulations de toutes sortes, et qu’ils restent  dignes de la confiance que leur a  témoignée  leur ami.

Et la Communauté ? Réapprenons la solidarité et l’entraide. L’ingratitude, la solitude, l’égoïsme sont des maux qui à ce jour contribuent au déclin des concessions de nos parents. Qui a dit qu’un enfant même s’il n’est pas le successeur, ne peut pas s’adresser à son défunt père ? Sommes nous si fiers chaque fois que nous passons devant une concession en ruine, de déclamer  ‘’ on voit comme çà,  Mo’o  Mathia était un grand, voilà ce que sa concession est devenue.’’

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