L’autopsie traditionnelle a Bafou ou un ensemble de questions sans réponses
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- Publié le jeudi 5 avril 2012 17:00
Que recherche t- on ? Qui cherche quoi ? À quels résultats aboutit-on ?
L’autopsie se présente généralement sur deux modes, bien que les objectifs à atteindre soient presque les mêmes, à savoir, rechercher la cause de la mort.
L’autopsie médico-légale pratiquée par des médecins sur réquisition de l’ordre judiciaire, vise à indiquer ce qui a provoqué la mort, dans le cas où pourraient être soupçonnés des cas de meurtres.
Elle n’est pas l’objet de ce débat que nous ouvrons aujourd’hui. Nous voulons parler uniquement de l’autopsie traditionnelle : le nong gning.
Certains usages voudraient que chez nous, nul ne meurt sans être tué. Par qui ? Et comment ? C’est la raison de l’autopsie pratiquée encore malheureusement chez nous. Il s’agit certainement d’un pan de notre ‘’culture’’, qui a traversé des siècles.
Le spectacle de ‘’le nong gning’’ est tout simplement insoutenable. Le défunt est disséqué ; on n’en ferait pas mieux d’un cochon, ou d’une chèvre. Les pratiquants de ce rite de dissection se recrutent chez des personnages à l’allure d’individus qui ne bénéficieraient plus de toutes leurs facultés.
L’autopsie est pratiquée sur tous les morts, même dans les cas évidents.
Un bonhomme mort des suites de cancer détecté par les hôpitaux, n’échappe pas à ce rite. Un pendu subit le même sort. Les victimes de sida, de choléra, de longue maladie, ne sont pas épargnées. Les accidentés, les morts subites constituent les morceaux de choix.
Qui pratique l’autopsie ? Il ne s’agit manifestement pas de personnes maitrisant l’anatomie du corps humain telle que nous la connaissons, et encore moins les dégâts causés par certaines maladies.
Que trouvent-ils comme causes de la mort ? Mort parce que abattu dans la brousse. Mort pour être entré dans un lieu (ou une place) qui n’était pas le sien. Mort par malédiction. Mort parce que tué par le ntchop, tué par des sorciers (me ngang lekang). Mort parce que mangé par les vampires (meleuh). Encore que ces ‘’causes de la mort ne sont pas divulguées, mais chuchotées de bouche à oreille. Le nom du malfaiteur n’est jamais rendu public. Et, ce qui est curieux, après l’autopsie, suivent toujours des visites chez les voyants (meghang nga’h) qui essaieront aussi de déterminer les causes de la mort, sans jamais préciser qui en est l’auteur.
Dans ces conditions, on peut se demander ce à quoi aura servi l’autopsie. Quel crédit lui était il accordé par nos ancêtres ? Pourquoi ce rite jadis répandu sur presque tout le pays ne subsiste-t-il plus que dans les départements de la Menoua et des Bamboutos ?
Ce rite résout-il les problèmes des familles ? Il y a lieu d’en douter, car les ‘’résultats’’ de l’autopsie entrainent généralement des maux aux conséquences énormes : désunion, méfiance, soupçon, rancune.
Par ailleurs dans le but de se protéger d’éventuelles attaques prédites par l’autopsie, certains de nos frères perdent tous les repères, cherchent à se protéger des dangers qui la plupart de temps n’existent que dans leur imagination.
Les hommes d’Eglise, les autorités administratives et judiciaires ont beau parler, mais, peine perdue, la pratique est là et se porte à merveille. Avec les conséquences souvent désastreuses de la manipulation des corps par des mains inexpertes, avec l’expansion des maladies que pourraient drainer ces corps, (sida, choléra, etc..), il serait peut-être grand temps de passer à la phase répressive. En effet, la profanation des corps ou des tombes, -(certains morts sont exhumés et disséqués plusieurs jours après leur enterrement)- sont des délits prévus et punis par notre Code Pénal.
Il ne saurait être dans notre intention de discréditer notre culture, mais plutôt de demander d’en extraire les aspects positifs que nous pourrons présenter à la face du monde, et sans honte. Comprenons aussi que la mort est quelque chose qui survient à chaque être. Nul ne peut en échapper ! Qui a demeuré éternellement sur la terre parce qu’il était un ngang lekang ? Ou parce qu’il a réussi à se protéger ? Enfin à notre naissance quelle durée de vie nous a été accordée par Dieu ?
N’ayant aucunement la prétention de cerner ce pan de notre culture, Il me plait enfin de solliciter de vous tous un enrichissement de ce débat, pour que survive notre tradition, et que vivent nos familles.
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