Homélie des obsèques de Maman Marie Claire

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Publié le lundi 6 avril 2015 18:17

PAROISSE SAINT LAURENT DE BAFOU

BP : 93 DSCHANG

Homélie des obsèques de Maman Marie Claire

Illustres invités, Peuple de Dieu, chers fils de l’Eglise, frères et sœurs bien aimés en J-C, chers membres de la famille de maman Marie Claire loué soit Jésus-Christ !

Béni soit Dieu, Dieu, le père de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, qui nous rassemble ici en ce jour béni. Réjouissons-nous tous d’être venus ici, surtout parce que, à l’occasion de ces obsèques de cette maman, nous allons écouter la parole de Dieu et célébrer l’Eucharistie. Mon homélie s’articule sur deux petits points d’inégale valeur : le sens de la mort pour le chrétien (I), et sur l’appel que Dieu nous adresse (II).

I)- Le sens de la mort pour le chrétien

La mort pour le chrétien constitue sa naissance au ciel, la fin de son pèlerinage, de sa marche dans cette vallée de larmes. La mort devient une Pâques, c’est-à-dire un passage ; Pour un chrétien, des obsèques comme celles que nous avons organisées célèbrent le Mystère de la Pâques du christ, c’est-à-dire le mystère de sa Mort et de sa Résurrection.

En effet, les fidèles de l’Eglise deviennent par leur baptême, membres du Christ mort et ressuscité, membres de l’Eglise, Temple de l’Esprit Saint. On prie donc pour qu’ils passent avec le Christ de la mort à la vie, qu’ils soient purifiés dans leur âme et rejoignent au ciel tous les saints, dans l’attente de la résurrection des morts et la bienheureuse espérance de l’avènement du Christ. La joie des fidèles chrétiens lors de la célébration des obsèques, est donc fondée sur le fait que leur Seigneur Jésus-Christ est mort et ressuscité. En d’autres termes, c’est la célébration de la Mort et de la résurrection qui est célébré, comme gage de notre propre résurrection. Si ceci est vrai, nous comprenons que rien (même pas nos rituels), ne devrait nous distraire lors des obsèques d’un chrétien, surtout ceux qui ont donné au service du Seigneur.

II)- L’appel que Dieu nous adresse

Les textes de la Parole de Dieu que nous avons écoutée et spécialement l’Evangile nous instruisent à propos de l’appel que Dieu adresse à nous tous. La parole de Dieu est puissante, tranchante plus qu’une épée à deux tranchants, elle nous pénètre jusqu’au plus profond de notre cœur, c’est elle qui juge chacun de nous au plus profond de sois.

L’extrait de l’Evangile de Saint Marc nous montre comment jésus appelle à son service Lévi, et comment il fait compagnie avec les pécheurs. A Lévi qui était assis à son bureau de collecteur d’impôts, Jésus dit « suis-moi ». Jésus est critiqué par les scribes et les pharisiens, les premiers étant les spécialistes de la parole de Dieu, les seconds étant les extrémistes de la religion juive, et qui prétendaient qu’ils pratiquent la religion dans toute sa pureté. Les pharisiens disent de Jésus « il mangent avec les publicains et les pécheurs ». Jésus en réponse à ces derniers répond simplement : « ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »

Bien aimés de Dieu,

L’esprit Saint m’a suggéré une leçon à nous proposer : Dieu nous aime tous, et il appelle chacun de nous, parce que nous sommes tous des malades et des pécheurs. Nous sommes tous apparemment bien portants, mais les français disent « et bien porter est un malade qui s’ignore ». Nous sommes aussi des pécheurs, en quête de la pitié de Dieu. Attention de juger nos frères et les condamner, ce que font les pharisiens et les scribes.

C’est pour nous tous que Jésus est venu dans le monde. Jésus nous appelle tous. Ne soyons pas très durs contre les autres que nous croyons être les plus grands pécheurs. Dieu aime tous les hommes, les bons et les méchants, il fait tomber sa pluie de grâce, dans les cœurs de ceux qui l’aiment et aussi dans le cœur de ceux qui ne l’aiment pas assez.

En fait, nous sommes tous des malades, et des pécheurs, notre société, nos milieux de vie le montrent si bien. Dieu ou Jésus appelle chacun de nous à suivre, comme il a appelé Levi. Quelle que soit la vocation propre ou la condition de chacun, jésus a besoin de nous.

C’est le monde actuel qui veut se proclamer laïc qui veut couper l’homme de son créateur. Ce n’est pas le projet initial de Dieu. Oui mes frères et sœurs, bien aimés de Dieu, si nous écoutons la voix du Seigneur retentir à nos oreilles, ne fermons pas nos cœurs à l’accueil de sa parole. Dieu nous appelle chaque jour, chacun de nous ici peut changer sa mauvaise vie passée et changer ainsi son milieu de vie. C’est encore possible. Oui, c’est possible. Je vous le dis, nous pouvons encore changer le monde. Il y a des personnes qui montrent que quelque chose peut changer.

Notre société périt à cause de la mauvaise gouvernance, de la tricherie, de la haine fratricide, du mensonge, et le père du mensonge, c’est le diable. Même le grand groupement Bafou a beaucoup souffert de ces grands maux et continue à en souffrir ; beaucoup continue à aimer la culture de la médiocrité (J’ai eu parfois l’impression que l’unique chose qui marche encore bien ici et que l’on organise bien, ce sont les obsèques, les funérailles, les fêtes mondaines sans référence à Dieu) ; ce n’est pas en soi mauvais d’organiser des fêtes, mais peut-être faudrait-il que nous pensions à d’autres activités  plus importantes que cela. On entend souvent des gens dire : « tel a bien célébré les obsèques de son époux ... » Et ce sera peut-être le cas ici, « tel autre a bien organisé les funérailles ou l’anniversaire des fun érailles des son père, de sa mère, etc. ». Dans la plupart des cas, les critères des « bonnes funérailles, du bon enterrement », ne sont pas ici bien définis et s’ils existent, ils sont purement et simplement subjectifs.

Ne faudrait-il pas poser des questions du genre « Qu’est-ce que cela rapporte aux défunts eux-mêmes ou même surtout à notre société, notre village ? ». Qui attendons-nous pour changer notre société ? Quel messie doit-il surgir pour réaliser les œuvres que nous même pouvons pourtant réaliser ? Que pouvons-nous encore faire pour construire ou reconstruire notre société qui est en perte de vitesse ? Je pense qu’il nous faut nous décider à aller encore plus loin. Peut-etre nous pouvons peser de tout notre poids pour qu’enfin il ya au moins la construction  d’un tronçon de route dans ce village, celle de monument histoire, ou la construction d’une œuvre sociale, …. Nous devons éviter de nous vanter avec des choses ou des contre valeurs qui font notre honte. Nous souffrons de nos propres turpitudes.

Entre autre phénomènes qui font notre honte et que nous avons souvent dénoncés, un phénomène monte aussi en puissance ici chez nous, et qui gangrène notre société, nos familles, c’est la recherche du gain par la culture et la commercialisation de la drogue, avec à la clé notre jeunesse qui en devient une victime innocente avec la montée du grand banditisme et de la criminalité ; c’est l’enrichissement de la honte.

Si Jésus nous dit qu’il appelle chacun de nous à travers le texte de matin, nous comprenons que ce tableau si sombre de notre société que j’ai peint - peut-être sans avoir toute la compétence nécessaire -, peut changer. Voici des preuves qui montrent comment cela peut changer :

Quand nous étions jeunes, l’on nous a rapporté qu’autrefois dans l’enseignement, un de nos ministres avait pris une douloureuse mesure, mais qui avait fait du bien dans ce pays : la « colle » au BEPEC, pour ceux qui avaient une certaine « note éliminatoire ». Cette mesure avait aidé plusieurs personnes à s’appliquer à bien travailler à l’école que ce soient les élèves, ou les enseignants. Pourquoi vouloir distribuer des diplômes, de BEPEC, de Baccalauréat, de Doctorats aux gens qui ne le méritent pas, et qui ne vont servir à rien, même pas à transformer positivement leur propre milieux de vie ? Les diplômes, les titres honorifiques de tout genre ne transforment pas notre société. Nous devons tous nous mettre au travail. Le bon maçon se juge aux pieds du mur, et la vraie magie comme l’a dit quelqu’un, c’est le travail. Ceux qui pêchent en eau trouble sont souvent nombreux, et l’on m’a invité de dire à ceux qui ont soutiré, volé de l’argent, des téléphones portables de les rendre.

Oui chers invités, Jésus nous appelle à changer, et à faire le bien, et c’est encore possible. Nous ne devons pas nous décourager. Je sais que je m’adresse à plusieurs qui sont venus ici à ces obsèques de maman Marie claire aujourd’hui. Parmi nous, il y a des gens ici qui ont le pouvoir et qui peuvent dire : ça va changer dans le milieu où je travaille. J’ai suivi des jeunes quelque part apprécier la manière par laquelle les policiers travaillent ces jours-ci : même s’il y a encore beaucoup à faire, on les voit certainement plus à l’œuvre ces derniers temps alors qu’il y a peut-être longtemps ce n’était pas ainsi. Le bien est bien, et il se fait voir tout simplement, sans faire le bruit.

Dans divers autres domaines de notre société, santé, justice, etc. Jésus nous appelle, et les choses peuvent changer pour le mieux, car rien n’est impossible à Dieu.

Voilà bien-aimés de Dieu, le message que j’ai reçu du seigneur et qui a été le fruit de ma méditation personnelle de la parole de Dieu de ce jour. Que le seigneur aide chacun à approfondir sa propre méditation de cette parole chez lui.

Demandons au seigneur d’avoir pitié des péchés de notre maman Marie claire, qu’il la purifie et qu’elle n’ait pas peur de le regarder face à face. Prions pour nous tous, que chacun s’ouvre à l’appel de Dieu et y répondre favorablement. Que la vierge Marie nous y aide.

Et que Dieu nous bénisse tous, au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Amen !

Donné à Bafou, le 17 janvier 2015, en la fête de Saint Antoine.

Abbé FEUJIO YIMELE Amédée Tarsicius, curé.

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