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Le Ministre FOGUI à la CCJA à Abidjan

Détails: Publié le lundi 10 novembre 2014 17:45

Fô Nkong-ni Le Ministre Délégué auprès du Ministre de la Justice, Son Excellence Fô Nkong-ni Jean-Pierre FOGUI, a conduit à Abidjan (Côte d'Ivoire), du 18 au 25 octobre 2014, une Délégation comprenant les Experts des Ministères de la Justice et des Finances. Comme on le sait, le Cameroun préside l'OHADA (Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires) en cette année 2014. Agissant en qualité de Président du Conseil des Ministres de cette Organisation, le Ministre FOGUI a présidé une double cérémonie : la rentrée judiciaire solennelle de la CCJA (Cour Commune de Justice et d'Arbitrage) et l'ouverture du Colloque International sponsorisé par le Groupe de la Banque Mondiale sur le thème : Les modes alternatifs de règlement des différends commerciaux devant la CCJA. Cette double cérémonie a eu pour cadre la grande Salle d'audience de la CCJA, devant le Corps diplomatique, les responsables des hautes Juridictions des pays membres de l'OHADA, les Présidents des Commissions Nationales OHADA, les responsables des Barreaux nationaux et des Chambres Nationales des Notaires etc.

Dans la Leçon inaugurale qu'il a présentée au cours de cette toute première rentrée solennelle de la CCJA depuis son entrée en fonctionnement en 1997 (sur le thème : La suprématie de la CCJA dans la galaxie juridictionnelle de l'OHADA.), le Ministre FOGUI a notamment insisté sur les dangers qui menacent la suprématie de la CCJA qui est, a-t-il rappelé, l'unique exemple au monde d'une Cour Suprême commune à 17 Etats. Ainsi a-t-il mis en garde les Juges de la CCJA contre l'ivresse des hauteurs, les lenteurs judiciaires, le réflexe nationaliste, la tentation de l'empathie et la corruption.

En ce qui concerne l'ivresse des hauteurs, il a mis en garde les Juges de la CCJA contre c’est « la dilatation du Moi », autrement dit, cette « outrecuidance euphorique que l’on contracte à l’air des cimes » (Claude IMBERT). Dans cette perspective, il leur a enjoint d'être humbles et de se rappeler tous les jours « qu'ils ne sont pas suprêmes parce qu'ils sont sages, mais qu'ils sont sages parce qu'ils sont suprêmes ».

En ce qui concerne les lenteurs judiciaires, il a rappelé aux Juges non seulement que le temps c'est de l'argent, mais aussi que "Justice delayed is Justice denied" (une justice tardive équivaut à un déni de justice).

En ce qui concerne le réflexe nationaliste, il a rappelé aux Juges qu'en accédant aux hautes fonctions de Juges à la CCJA, ils sont devenus des responsables off-shore ; et qu'en tant que tels, ils ont signé avec l'OHADA un contrat moral au terme duquel leur nationalité serait mise entre parenthèses chaque fois qu'ils se pencheraient sur un dossier.

Abordant la tentation de l'empathie, il a rappelé aux Juges que leur rôle est d'appliquer la Loi sine ira et studio (c'est-à-dire sans ressentiment ni parti pris), car ils ne sont que l'extrémité humaine de la main de Thémis qui tient le glaive de la Justice. « Et n'oubliez jamais », leur a-t-il dit, « que ce n’est pas vous qui avez forgé ce glaive ; celui-ci a été fondu, formaté et sculpté dans un moule spécial construit par 17 Etats indépendants et souverains ».

En ce qui concerne enfin la corruption, le Ministre FOGUI a adressé aux hauts Magistrats de la CCJA qu'ils doivent constituer la première digue contre ce mal du siècle, « car l'argent n'est que la fausse monnaie du bonheur », avant de leur adresser la mise en garde suivante : « Partout où les Hommes sont à vendre ou à acheter, les riches et les puissants adorent essuyer leurs pieds sur le paillasson de la Justice, en faisant notamment leur mea culpa sur la poitrine des Juges »./-