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DE L’ÉLITE

Les « élites » de la région de … Les « élites » du département de … sont des expressions devenues très courantes dans les médias (publics ou privés) de notre pays. Dans nos campagnes, des tribunes entières sont même désormais réservées aux « élites » au cours de cérémonies officielles ou non.

Sauf que parfois, lorsqu’on regarde attentivement les occupants de ces tribunes, et pour peu qu’on ait l’esprit un tout petit peu inquisiteur, on est obligé de rentrer dans son dictionnaire pour en savoir plus sur la notion d’élite. Le Petit Robert (version électronique) nous donne pour « élite » : « ensemble des personnes considérées comme les meilleures, les plus remarquables d'un groupe, d'une communauté », et pour « élites » : « les personnes qui occupent le premier rang, de par leur formation, leur culture ».

Pour Roger Gérard Swarzenberg (dans Sociologie politique), et citant Vilfredo Pareto, « L’élite se définit par ses qualités éminentes, par sa supériorité naturelle, psychologique. Ce qui la caractérise, c’est l’indice élevé des capacités individuelles de ses membres. L’élite se compose de tous ceux qui manifestent des qualités exceptionnelles ou qui font preuve d’aptitudes éminentes dans leur sphère d’activité. Bref, font partie de l’élite ceux qui, par leur travail ou par leurs dons naturels, connaissent un succès supérieur à la moyenne des autres hommes. »

De ces définitions, il ressort que l’élite est forcément une minorité ; mais elle est surtout une minorité éclairée. Éclairée par sa formation ou par sa culture.

Elle ne vient pas nécessairement d’ailleurs. C’est pourquoi on parle de l’élite intérieure et de l’élite extérieure. Elle est constituée des personnes les plus remarquables d’une communauté, où qu’elles vivent ; remarquables non pas par la qualité des habits dont ils se drapent ni par la hauteur de leur voix pour réclamer les premières loges ou les meilleurs morceaux, mais par leur capacité à montrer le chemin aux autres membres de la communauté.

Et quel chemin est supposé montrer l’élite ? Celui qui élèvera progressivement les communautés au-dessus des préoccupations bassement alimentaires pour les mettre en marche, aux côtés d’autres peuples du monde, vers la réalisation du destin de l’humanité. Celui qui fera reconnaître (enfin !) à Nicolas Sarkozy que nous sommes désormais entrés dans l’histoire.

On voit bien que la tâche est lourde, si lourde que celui qui est occupé à essayer de l’accomplir n’a pas le temps de le proclamer ; si lourde que l’on en perd l’envie d’être une élite.

Pourquoi donc tient-on tant chez nous à se réclamer de l’élite ? René Dumont va nous répondre : « Pour trop d’élites africaines …, l’indépendance a consisté à prendre la place des Blancs et à jouir des avantages souvent exorbitants jusque-là concédés aux coloniaux ». Et le résultat, nous le connaissons ; l’Afrique n’a pas bougé d’un pas, et les élites sont devenues millionnaires. Très peu se sont imprégnés de l'idée prométhéenne que l’éclairage recherché devait en fin de compte viser à apporter au peuple ce qu’il lui fallait pour « entrer dans l’histoire ». C’est pourquoi l’élite s’est certes formée (tout le monde s’en réclame d’ailleurs) mais les communautés croulent toujours sous le poids de la misère morale, intellectuelle et matérielle.

Et soixante ans ont passé. De quel type d’élite avons-nous besoin aujourd’hui pour relever et les anciens défis qui ne l’ont pas été dans l’ancienne conception, et les nouveaux ?

Nous avons besoin de ce que Roger Gérard Swarzenberg appelle une « élite modernisante ». Nous avons besoin d’une élite qui s’est hissée au-dessus du besoin élémentaire (ou alimentaire) et qui, peut-être enfin libérée de cette quête alimentaire dont rien ne pouvait la détourner, doit maintenant prendre conscience de son échec sur ce qu’aurait dû être la mission d’une élite, et agir.

« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission et la remplir ou la trahir », disait Frantz Fanon. L’état actuel de notre continent montre clairement que les élites qui ont hérité des indépendances ne nous ont pas mené là où, ailleurs, leurs dirigeants ont mené les autres peuples qui avaient exactement les mêmes problèmes que nous à une certaine époque. Peut-être n’ont-elles simplement pas découvert quelle était leur mission en cette période spécifique de l’histoire. Méritaient-elles seulement l’appellation d’« élites » ? Ou en avaient-elles toutes les caractéristiques positives ? Il est permis d’en douter car, à la place de l’élite qu’il nous fallait, et pour citer Koffi Ahadzi Nonou, recteur de l’université de Lomé, « a poussé comme un chancre, ce que Arnold Toynbee appelle une « minorité dominante », ce qui correspond dans le contexte africain à une élite corrompue, avide d’avantages matériels, plus soucieuse de proclamer ses droits que de faire face à ses lourdes responsabilités historiques ».

En effet, une élite qui fait face à « ses lourdes responsabilités historiques » n’a pas le temps de s’autoproclamer « élite », ni de célébrer cette « gloire ». Elle travaille, et à la longue, les résultats de ce travail se voient.

Et chaque fois que les résultats ne suivent pas, ou ne sont pas à la mesure des attentes, aucun discours ne nous persuade.

Heureusement, bien de nos élites l’ont compris qui se distinguent collectivement ou individuellement à travers des idées, des actions ou des réalisations concrètes susceptibles d’éclairer le chemin. Toutes les autres devraient suivre. Il nous semble que c’est à cela que doit servir cette élite que nous souhaitons agissante. Les exemples des engagements du CODEGBA et d’autres associations qui ont décidé enfin de (rap)porter le développement à ceux qui les avaient envoyés le chercher, nous permettent de garder espoir. L’espoir que soit enfin mis fin à la trahison qui a consisté pour les « élites », après avoir volé le feu prométhéen, à ne pas le ramener éclairer nos communautés à la base. Peut-être par ces initiatives, la notion d’élite cessera d’apparaître comme ce concept nébuleux où on imagine des personnes dotées certes de qualités éminentes, mais si déracinées qu’on finit par les croire issues du néant. L’élitisme cessera alors d’être un titre (avec les « avantages » y attachés) auquel tout le monde aspire, pour devenir une (lourde) responsabilité que tout le monde redoute.

La responsabilité de sortir les communautés africaines du trou noir de la misère au lieu de continuer de les enfoncer dans l’autre trou, plus noir encore, de l’ignorance..

Atsiapouo Laurent Azambou

Publi-Reportage


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