La grande famille Ndjeuyim " Enfants d’un même père" du village Baleng (Bafou) en deuil à Libreville (Gabon).

Détails

Publié le samedi 25 juin 2011 13:37

Décédée le 04 juin 2011 à Libreville au Gabon, Maman Donfack Bernadette, l’épouse de Assob Dongmo Petit Pierre, a été inhumée le 11 juin 2010 à Baleng (Bafou). Eclairage sur les circonstances de sa mort, les tribulations du rapatriement de sa dépouille et les pensées de la famille pour le repos de son âme.

Ce matin du 14 juin 2011, le domicile de Assob Dongmo Petit Pierre dans le village Baleng à Bafou près de Dschang (Cameroun) présente une physionomie ordinaire. Sur la cour principale, quelques bourgeons d’herbes rebelles tentent de survivre au terrassement manuel effectué il y a quelques jours. A l’arrière de la grande maison, un jeune homme sèche le linge fraîchement nettoyé. Dans la salle de séjour, une fille s’amuse avec un enfant. Le couloir est transformé en un chantier où un électricien essaie de raccorder de vieux fils. Un peu partout dans la concession, chacun s’occupe, probablement pour oublier le triste événement qui vient de frapper la famille Ndjeuyim. Mais les occupants des lieux ont beau chercher refuge dans les activités domestiques, la douleur persiste. Le choc reste intense, si intense que le patron des lieux ne s’empêche pas d’écraser de temps en temps une larme lorsqu’il raconte la tragédie.

Assob Dongmo Petit Pierre, soixante-trois ans, chauffeur et transporteur à Libreville au Gabon, a en effet enterré son épouse, Mme Dongmo née Donfack Bernadette, le samedi 11 juin dans cette concession. Sur la carte d’identité consulaire de la défunte, on peut lire qu’elle est née le 31 janvier 1964 à Bafou et est arrivée à Libreville où elle vivait avec son mari le 02 février 1984. Mais samedi 04 juin, comme par un mauvais coup du sort, Dieu l’a rappelée.

« Maman est morte vers 04h 30 min», affirme Fanny, l’une des filles de la défunte. Le certificat de genre de mort établi par les médecins de la Clinique de Rio indique qu’elle est décédée des suites « d’arrêt  cardiorespiratoire consécutive ». Mais Fanny tient à préciser qu’elle a été très malade. Une information que confirme Assob Dongmo Petit Pierre : « C’est depuis deux semaines avant sa mort que sa maladie a atteint une phase critique. Les médecins nous ont d’abord dit qu’elle souffrait de myome, puis certains ont parlé de cancer de l’utérus. »

Mais comme on dit chez nous à Bafou, la patiente est morte "le médicament à la bouche". Lorsqu’elle a chuté, raconte papa Pierre, on l’a d’abord conduit à la Clinique Avea. Puis elle a été référée à l’Hôpital Général de Libreville et, par la suite, à l’Hôpital Militaire. Là, elle a bénéficié d’une transfusion sanguine. Après des examens, des prescriptions ont été faites et les médecins lui ont demandé d’aller attendre à la maison. C’est pendant qu’elle suivait le traitement à la maison qu’elle a succombé.

Il a fallu quatre jours pour établir les sept pièces administratives nécessaires au rapatriement de la dépouille vers le Cameroun. La mise en route a eu lieu à Libreville le mercredi 8 juin vers 20h. Une lettre du Conseil d’Entraide Binam, association de ressortissants camerounais créée il y a environ 17 ans à Libreville et dont Assob Dongmo Petit Pierre est membre fondateur, précise que la dépouille était accompagnée de six personnes avec, comme chef de délégation, M. Nguembou Siméon. Mais le voyage n’a pas été paisible. Le taxi-bus réquisitionné à Libreville pour Baleng a en effet eu une panne de pneus sur le parcours. Entre Bitam au Gabon et Kye-Ossi au Cameroun, on a changé de véhicule. « Grâce à la perspicacité de M. Nguembou, témoigne papa Pierre, on a fait venir une autre Hiace du Cameroun et transféré le corps vendredi à 15h à la frontière. » C’est finalement samedi 11 juin vers 4h30 que la dépouille est arrivée à Baleng où la grande famille Ndjeuyim attendait depuis mercredi.

Les cérémonies funéraires se sont déroulées comme d’habitude dans ce genre de circonstances : exposition de la dépouille d’abord dans la salle de séjour puis dans la grande cour, lamentations, oraison funèbre avec cinq interventions vers 10h, prière et enterrement autour de 11h. L’onde de choc qui a traversé le quartier a mis en mouvement trois chefs. Sa Majesté Tsobgni Johny Baleng III en personne est venu accompagné des chefs des villages voisins Balepouo (Fo’o Menkheu Nguena Yarro Gilbert) et Ndzifeng (Fo’o Ndzifeng Momo Anatole Claude). Il a déclaré à l’assistance et surtout aux deux familles réunies dans la détresse, que Assob Dongmo Petit Pierre était à féliciter pour avoir réussi à ramener ce corps par route du Gabon jusqu’à Baleng avec tant de problèmes sur le parcours. Pour lui, il « avait déjà enterré sa femme ».

Aujourd’hui, Assob Petit Pierre ne rate aucune occasion de remercier ces majestés pour leur sollicitude.

Ses remerciements intarissables vont également à l’endroit de tous les « Enfants d’un même père », membres de la famille Ndjeuyim qui ont cotisé de l’argent pour permettre les travaux préparatoires de ces obsèques et qui se sont déplacés en masse de Dschang, de Bafoussam, de Douala et de Yaoundé pour l’assister. Les travaux effectués pour le nettoyage et la viabilisation de sa maison du village, l’aménagement de la tombe et des divers abris pour les chefs et les invités, les chaises et tentes loués pour la circonstance, la nourriture préparée, la boisson prévue, etc… lui ont prouvé que « Enfants d’un même père » rimait effectivement bien avec « enfants d’un même cœur ».

Il nourrit une idée positive pour l’Association Binam de Libreville qui a beaucoup contribué, notamment au transport de la dépouille et des six délégués.

Ses remerciements vont également à l’endroit de sa belle famille et de tous ceux qui ont fait le déplacement de Baleng pour essuyer ses larmes.

Avec ses quatre fils et quatre petits-fils, il prie inlassablement pour que la mère de Arnold, de Marie-Claire, de Fanny et de Lucie-Flore soit accueillie dans la maison reposante du Seigneur pour l’éternité. Assob Dongmo Petit Pierre, qui vit à Libreville depuis le 11 février 1970, projette d’y retourner en fin juin. C’est là qu’une veillée sera organisée en la mémoire de sa tendre défunte épouse.

Profitant de ce triste évènement, la cinquantaine des "Enfants d’un même père" présents au deuil se sont spontanément réunis au grand salon de la maison du Chef de Famille Moho Ndjeuyim pour une concertation franche et sincère. Plusieurs problèmes ont été soulevés et débattus. Tous tendaient à rallumer le feu de la fraternité au sein de cette grande et noble famille du village Baleng. L’absence du Chef de famille, installé lui aussi depuis quelques années au Gabon et qui n’a pas pu faire le déplacement avec le corps de maman Bernadette, n’a pas empêché ses frères, sœurs, oncles, cousins et tantes de se réunir et de parler en se regardant dans les yeux. Plusieurs résolutions ont été prises et le doyen d’âge du moment, Papa Ngantio Tiwoda Gilbert, a été désigné à l’unanimité pour servir de trait-union entre les membres de la famille installés au village et ceux des villes. Il a été chargé de faire une large diffusion des engagements pris à l’occasion de ce mini congrès de famille.

Au moment de se séparer, le même papa Tiwoda Gilbert, qui, pour le moment, accompagne dans sa solitude au village son ami et désormais veuf Assob Dongmo Petit Pierre, a émis un souhait en direction du Tout-Puissant : « Que de pareils événements ne nous frappent plus, surtout loin de notre point de chute. Et si cela devait encore arriver, que Dieu pourvoie afin que nous y fassions face sans trop de peine. » Ainsi soit-il !

• < Précédent
• Suivant >