Bilan et perspectives d’avenir du Chef FOUENANG Christophe de Nkongsamba

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Publié le samedi 3 septembre 2011 07:22

Monsieur le Chef de la Communauté Bafou de Nkongsamba, merci de nous avoir accordé cette interview et félicitation pour votre réélection. Commençons par les élections qui viennent de  s’achever, quelle appréciation en faites-vous ?

Fo’o FOUENANG Christophe : Je dois d’abord vous dire merci ainsi qu’à toute l’équipe de Bafou.org pour votre contribution au développement du Groupement Bafou. Revenant à la question, je dois d’abord dire que les élections étaient initialement prévues pour le 28/07/2011 et on été reportées à cause du décès de la femme d’un membre important de notre communauté.

Mes impressions sont très bonnes au vu de l’engouement et de la participation des électeurs, ainsi que du résultat qui est sortie des urnes. Notons que le vote était secret ;  donc, les électeurs avaient toute la latitude de sanctionner positivement ou négativement mon bilan à la tête de notre communauté. Vous savez que même les bulletins nuls ont un message à décrypter. Avec seulement 03 bulletins nuls et 95,77 % de suffrages favorables à ma candidature, je pense qu’il ne faut pas demander mieux dans la relation que j’ai toujours entretenu avec le peuple Bafou qui est dans le Moungo.

Je saisis l’occasion qui m’est offerte pour remercier sincèrement tous les membres de la communauté Bafou de Nkongsamba pour m’avoir renouveler leur confiance. Je promets de faire encore mieux que par le passé. Je félicite ceux qui ont voté nul car à travers cette expression, ils passent un message selon lequel tout n’est pas rose.

Pourquoi les grands électeurs ?

Fo’o FOUENANG Christophe : Pour une raison simple. Avant, il n’y avait pas une structure de coordination de la communauté Bafou à Nkongsamba. Nous avons pu mettre cette structure sur pied, ce qui fait que tous les trois mois, se tient la Réunion Générale composée de tous les présidents et présidentes de réunions des ressortissants Bafou à Nkongsamba et des membres du conseil de la chefferie à savoir, les adjoints du chef, les Ma’a et les Moho Fo’o. Vous comprenez qu’avec une telle structure, l’information va très rapidement de la base au sommet et du sommet à la base. C’est donc cette instance qui prend les grandes décisions et le chef suit et les applique. On a par exemple décidé à cette réunion qu’on va installer le chef de la communauté Bafou de Nkongsamba le 04 octobre 2011 et ceci en interne. C’est à cette date que la Réunion de la Communauté va présenter solennellement les résultats du vote et procéder à l’installation.

Il faut dire que c’est au cours des assemblées de cette réunion que les rapports d’activité trimestrielle du Chef de la communauté, du Président de la réunion des Hommes, de la présidentes de la réunion de femmes, du président de la réunion des jeunes sont présentés et débattus.

D’aucun disent que vous êtes respecté parce que vous avez l’argent et les relations et si quelqu’un lève le petit doigt vous allez l’inquiéter, donc c’est par crainte qu’il n’y pas eu de concurrent, que répondez-vous à ceux-là ?

Fo’o FOUENANG Christophe : Je suis tout simplement étonné d’entendre cela. C’est pendant ce premier mandat par exemple que la communauté Bafou de Nkongsamba a réalisé le plus grand palmarès en termes de contributions aux différentes sollicitations du Groupement Bafou. La liste de tous les contribuables de Nkongsamba et du Moungo est connue. Ce n’est pas le chef qui a versé l’argent pour tout le monde. Je tiens à vous préciser que ces contributions sont faites par les membres de la communauté à travers les réunions ; je ne pense pas que c’est par peur qu’on le fait. Non ! C’est par amour pour le chef de la communauté et pour le groupement Bafou. Je vous dis et vous pouvez vérifier, tout le monde a la parole ici chez nous. Je ne peux pas utiliser mes relations, si elles existent, pour martyriser mes frères. Non ! Au contraire, je mets tout cela au service des membres de ma communauté. Si quelqu’un agit de la sorte, ça va se retourner contre lui.  N’oubliez pas que nous sommes encore en Afrique. Mon idée a plutôt toujours été de créer une dynamique, une synergie de développement qui intègre tout le monde au sein de ma communauté.

Pouvez-vous nous donner en quelques mots le bilan du mandat qui vient de s’achever ?

Fo’o FOUENANG Christophe : Ce premier quinquennat était placé sous le signe de la réconciliation et de l’entente, suite aux problèmes que notre communauté a connus. Pour ma part, cet objectif me semble atteint car on a pu réunir tous les Bafou de Nkongsamba. Il est vrai que cela a pris beaucoup de temps, mais on ne peut rien faire si on n’est pas solidaire. Après l’unité retrouvée, nous avons œuvré pour l’intégration socioprofessionnelle de tous les membres de notre communauté n’ayant pas d’occupation. C’est ainsi que nous avons aidé les femmes à s’investir dans l’agriculture en se constituant en GIC et nous leur avons trouvé des appuis financiers.

De même, nous avons organisé les jeunes au sein d’une association pour mieux les encadrer en leur trouvant des financements pour leur installation. Toujours dans ce chapitre, pour ceux de nos membres déjà installés, nous les aidons à faire la promotion de leurs activités et pour terminer, nous avons toujours répondu très favorablement aux différentes sollicitations de Sa Majesté le Roi des Bafou à travers les réunions des Forces Vives Bafou (FOVIBA), le Lemoû 2009 et vous remarquez que nous avons très rapidement mis en place le bureau de l’antenne CODEGBA de Nkongsamba.

Et pour le prochain mandat que prévoit votre plan d’action ?

Fo’o FOUENANG Christophe : Nous allons, au cours des cinq prochaines années, consolider les acquis en matière d’unité et continuer l’encadrement des membres de notre communauté. La promotion du développement à travers l’appui et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes sera notre plat de résistance. En outre, nous allons mettre l’accent sur la promotion de la culture Bafou en faisant le porte à porte pour sensibiliser les parents et les enfants en suscitant l’amour du village et le retour aux sources. Dans la même lancée, nous allons faire créer par nos enfants du secondaire et des écoles de formation, la section JESCOBA de Nkongsamba et l’encadrer.

Que répondez-vous aux autres chefs de Communauté Bafou des autres villes qui pensent qu’en acceptant le principe de mandat, vous les avez trahis car ils comptaient sur vous pour faire le contrepoids de la décision prise dans ce domaine par Sa Majesté le Roi des Bafou ?

Fo’o FOUENANG Christophe : Je n’ai pas trahi mes pairs. Non et non ! Nous devons comprendre que chaque communauté a ses spécificités et sa petite histoire dont il faut tenir compte. Que ce soit à Nkongsamba ou ailleurs, je ne peux, pour rien au monde, m’opposer à Sa Majesté Fo’o Ndong Victor KANA III, Roi des Bafou. D’ailleurs ce problème de mandat a fait l’objet d’un point important lors de la dernière séance des forces vives et la position de sa Majesté et des forces vives est claire : Elections suivant un mandat des chefs de communauté représentants de sa Majesté et celui-ci a bien précisé qu’il n’y aura aucune censure de sa part car en fin de compte c’est un Bafou qui sera élu et celui là sera son représentant.

Pour le cas de Yaoundé par exemple, si vous me permettez, le Président de la Famille Bafou en poste devait déjà réunir le collège électoral pour se pencher sur les élections à la tête de la communauté. Il me souvient que l’intéressé, en l’occurrence le Notable Menkem Ndjieu NGUEMDZI, aurait même déjà été reçu par le chef supérieur qui lui a donné des instructions sur ce dossier. Son inertie est de nature à provoquer toutes sortes de commentaires qui pourraient laisser croire que le chef de la communauté s’accroche à son trône. Or, on sait que Fo’o DJOTSA, conscient de la fin de son mandat, avait même déjà interpellé le Responsable ci-dessus cité il y a plus d’un an. Nous recherchons tous qu’il y ait harmonie entre les Bafou. C’est pour cela que nous gagnerons à faire gérer nos communautés par les membres qui la composent et non par quelqu’un qui lui est étranger. Lorsque chacun se sent concerné, ça marche.

Pourquoi, selon vous, certains s’opposent-ils parfois aux décisions du Chef Supérieur ?

Fo’o FOUENANG Christophe : Vous devez d’abord comprendre que gérer un peuple comme Bafou n’est pas une tâche aisée. Si on ajoute le fait que chacun cherche à satisfaire ses intérêts personnels auprès de Sa Majesté, ça devient encore plus compliqué. Avec de fausses informations rapportées à Sa Majesté, il peut prendre une mauvaise décision et donner ainsi l’occasion de se rebeller contre son autorité ou le contester. On se demandera alors devant un acte malheureux si le Chef Supérieur a même des conseillers ; s’il a véritablement une cellule à qui il fait vraiment confiance et avec laquelle il discute de la gestion et de l’orientation du Groupement Bafou. A ce niveau, je crois que Sa Majesté doit revoir sa manière de gérer Bafou pour que l’avenir soit encore plus prospère.

Avant de passer à la dernière question, nous voulons sortir du cadre de la chefferie pour parler de votre famille si vous le permettez.

Fo’o FOUENANG Christophe : Pour moi, il n’y a pas de sujet tabou. Je suis disposé à aborder tous les points avec vous surtout que je le fais toujours avec tout le monde. A Nkongsamba, on sait que  j’aime le débat direct.

Il se pourrait que vous soyez en train de contester la succession de votre feu père Moho TEDONZANG Paul au point de demander qu’on destitue son successeur. Que dites-vous à cela ?

Fo’o FOUENANG Christophe : J’apprécie votre courage et votre franchise. Je suis ce qui se raconte à ce sujet en ce qui me concerne et vous êtes la première personne qui me pose la question. En effet, il y a des problèmes dans toutes les familles. Qu’on n’amplifie pas les problèmes de la famille Moho TEDONZANG. Il faut au contraire se rapprocher et chercher là où se trouve la vérité. Le mensonge, la médisance, la calomnie et le congo-sa n’ont jamais construit une société mais portent toujours les germes de sa destruction. Nous avons des problèmes, c’est vrai, mais pas au point de demander qu’on change le successeur de notre père. Certains aînés de la famille constatent avec regret quelques écarts de comportement de notre frère qui est successeur et nous voulons qu’il soit digne et ne ternisse pas l’auréole de notre père que tout le monde avait connu comme un brave Bafou. Je ne peux pas entrer en profondeur parce que nous avons sollicité la médiation de Sa Majesté Fo’o Miatsuet, en sa qualité de chef du village et nous attendons sa réaction.

Pour terminer notre entretien, quel regard portez-vous sur le Groupement Bafou ?

Fo’o FOUENANG Christophe : Avec l’avènement du Comité de Développement du Groupement Bafou (CODEGBA), l’homme Bafou doit désormais avoir un regard particulier car nous nous tournons ainsi vers le développement durable. Chacun doit apporter sa pierre à la construction de cet édifice, sans demander ce que Bafou a fait pour lui. Nous devons faire beaucoup attention car tout organe créé peut devenir un germe de destruction de notre groupement s’il est mal géré. On devrait ressortir le rôle de chaque organe créé afin d’éviter les conflits. Je pense au CODEGBA, aux Forces Vives Bafou (FOVIBA), aux comités de développement locaux et au comité de développement de Nkong-Ni pour ne citer que ceux-là.

Je remarque qu’au fil du temps, certaines élites marquent leur désintéressement à Bafou, surtout quand ils sont déjà satisfaits de leurs titres de noblesse. Fort de cela, j’invite chacun à se poser la question de savoir ce qu’il a fait pour Bafou. N’attendons pas seulement que quelqu’un réalise quelque chose pour qu’on commence à discuter de la paternité.

Pour terminer,  je remercie et encourage Bafou.org qui est une source de bienfaisance pour Bafou et à ce titre, je crois humblement que Sa Majesté Fo’o Ndong devra jeter un regard particulier sur l’animation de cette tribune.

Je vous remercie infiniment et je reste à votre disposition pour toutes les questions que vous pouvez me poser.

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