Interview du Professeur KAZE FOLEFACK François Jérôme dans le cadre de la lutte contre le COVID-19

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Publié le vendredi 1 mai 2020 14:09

Écrit par GMN

Bafou.org a pensé que vous êtes l’un des fils Bafou Médecin qui peut donner des conseils et une conduite à tenir aux populations à travers cette tribune qui est beaucoup consultée par les fils de l’Ouest en général et ceux de Bafou en particulier par rapport à cette pandémie qui décime le monde : Le Corona Virus ou COVID 19.

Merci d’avoir accepté de vous prêter au micro de Bafou.org.

Avant toute chose, nous souhaitons que vous vous présentiez à nos lecteurs Professeur.

Merci de l’occasion que vous me donnez pour apporter ma modeste contribution à la riposte contre le COVID-19. Je suis Médecin spécialiste en Médecine Interne et en Néphrologie au Centre Hospitalier et Universitaire de Yaoundé, et Enseignant-Chercheur à la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales de l’Université de Yaoundé 1.

Jusqu’à nos jours, malgré la sensibilisation certaines personnes continuent de croire que cette pandémie est une maladie des blancs ou encore des riches. Que pouvez-vous dire à cette tranche de la société ?

Le COVID-19 est une maladie qui touche tout le monde entier, d’où l’expression de pandémie, sans distinction d’âge (enfants et adultes), de sexe (femmes et hommes), de race (peau noire, blanche, jaune etc…), de niveau social, de profession ou de quels que paramètres distinctifs de personnes qui soient.

Professeur pouvez-vous nous décrire les différents modes de contamination du COVID 19 ?

La transmission du COVID-19 se fait d'une personne à une autre par l'émission de gouttelettes de sécrétions infectées émises lors de la toux ou de l’éternuement par un porteur ; lesquelles sont soit inhalées par un receveur, soit déposées sur une surface (paume de main, téléphone, poignée de porte, ordinateur, argent, table etc…) puis transférées dans les voies respiratoires du receveur.

Comment se manifeste le COVID-19 ?

Les manifestations cliniques du COVID-19 sont les suivantes : toux, fièvre, congestion nasale, écoulement nasal, mal de gorge, céphalées ou maux de tête, douleurs musculaires, malaise, perte d’odorat, perte de goût, diarrhée, difficultés respiratoires et douleurs thoraciques chez une personne suspecte de COVID-19.

Quelles sont les personnes suspectes de COVID-19 ?

Les personnes suspectes de COVID-19 sont celles :

-          Soit présentant les manifestations cliniques du COVID-19 ci-dessus citées et ayant effectué  un voyage récent ou séjourné dans un pays ou communauté avec foyer actif de COVID-19 et dans les 14 jours précédant le début des symptômes ;

-          Soit présentant les manifestations cliniques du COVID-19 ci-dessus citées et ayant eu un contact avec un cas de COVID-19 ou ayant fréquenté le même lieu d’un cas de COVID-19 ou ayant eu un contact avec une personne décédée dans un tableau suspect ou travaillant dans une formation sanitaire ;

-          Soit présentant une pneumonie ou une infection pulmonaire de cause non connue.

Que faire lorsqu’on présente les manifestations cliniques du COVID-19 ?

En cas de symptômes suspects de COVID-19 suscités, il faut appeler l’équipe d’intervention rapide du Minsanté au 1510ou les numéros dédiés. Par exemple, dans la région de l’Ouest ces numéros dédiés sont 677 89 33 28 ou 677 89 72 87.

Comment prévenir efficacement cette maladie mortelle ?

Les mesures générales de prévention du covid-19 sont les suivantes :

-          Rester chez soi et ne sortir qu'en cas de nécessité absolue.

-          Se laver régulièrement les mains à l'eau coulante et au savon pendant au moins 20 secondes.

-          Se désinfecter les mains avec une solution hydroalcoolique si le savon et l'eau ne sont pas disponibles.

-          Eviter les salutations avec contact (serrer la main, embrassades, bises).

-          Eviter de se toucher les yeux, le nez ou la bouche avec des mains non lavées.

-          Eviter les lieux publics (églises, mosquées, bars, boîtes de nuit, marchés et les transports en commun).

-          Eviter les rassemblements de plus de 10 personnes.

-          Garder une distance de 1,5m au moins avec son interlocuteur.

-          Eviter tout contact avec des personnes malades présentant des manifestations cliniques sus-décrites. 

-          Eternuer ou tousser dans un mouchoir propre puis le jeter à la poubelle, sinon dans le coude.

-          Nettoyer et désinfecter les objets et surfaces fréquemment touchés. Il est recommandé une solution diluée d'eau de javel à raison d'un volume d'eau de javel à 2,6% pour 4 volumes d'eau.

-          Porter systématiquement et en permanence le masque ou couvre nez et bouche sauf à la maison.

Comment bien utiliser son masque ?

-          Quand ? Lorsqu’on va hors de la maison

-          Comment ? Couvrir le nez, la bouche et le menton

-          Laver avec le savon le masque une fois de retour à la maison, puis le rincer à grande eau et sécher avant sa prochaine utilisation.

-          Repasser si possible le masque avant de l’utiliser à nouveau.

Beaucoup de solutions de traitement sont proposées de part et d’autre, à ce jour quel est le moyen de traitement que vous pouvez conseiller à un patient ?

Rendu à cette date, il n’existe pas de traitement curatif validé contre le COVID-19. Seule la prévention reste efficace.

Y a-t-il des solutions par la médecine traditionnelle ?

De toutes les solutions proposées à ce jour, aucune n’est validée.

Par rapport aux personnes vivant en zone rurale comme à Bafou par exemple quel conseil particulier à leur donner ? Notons que dans la famille on ne conçoit pas qu’on puisse enterrer discrètement une personne décédée, encore moins sans une cérémonie traditionnelle.

Nous sommes en situation de crise sanitaire donc de guerre contre un ennemi invisible qu’est le COVID-19. Toutes les populations sans distinction de résidence doivent respecter les mesures barrières de riposte et de gestion des corps prescrites par le gouvernement. L’objectif est d’éviter la propagation de la maladie et donc notre bien-être. Certainement, il doit exister des alternatives prévues dans notre tradition pour gérer des situations pareilles que nous traversons sans la dénaturer.

D’une manière générale est-ce qu’une personne guérie du COVID 19 peut encore contacter cette maladie ?

On ne sait pas encore si la maladie est immunisante ou pas. Il s’agit d’une maladie nouvelle et seul l’avenir nous le dira. Par ailleurs, je tiens à préciser que sur 100 personnes atteintes de COVID-19, 80 ne vont pas avoir des manifestations cliniques (sujets asymptomatiques) mais vont transmettre la maladie (comme la plupart d’enfants) et guérir spontanément, 20 personnes vont avoir les symptômes dont 3 à 5 présenteront la forme grave de la maladie et jusqu’à 1 personne pourra en mourir. Quand on ramène 1% de potentiel décès à l’échelon de la population camerounaise, voyez vous-même le nombre de personnes qui peuvent succomber du COVID-19.

Par rapport aux patients qui souffrent d’autres pathologies et qui avec la psychose du COVID 19 ont l’impression de contracter cette maladie à l’hôpital, que leur conseillez-vous Professeur ?

Le COVID-19 est venu trouver des maladies existantes ; il est prescrit à tous les autres malades de continuer leur traitement habituel sans interruption, d’aller à l’hôpital en cas d’extrême nécessité et de contacter leur médecin traitant préférentiellement par téléphone sinon venir en consultation.

Bafou.org vous remercie pour votre disponibilité et vos éclairages.

Merci de cette opportunité que vous m’avez offerte pour informer les populations sur cette maladie. Je réitère que la seule arme efficace pour lutter contre le COVID-19 est et reste le respect des mesures préventives. Il n’existe pas encore de traitement curatif validé à ce jour.

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