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Fanews by Faboba

Autopsie traditionnelle et rupture de la concorde dans les familles

A cause de la profanation du corps d’un défunt accusé de sorcellerie et « d’anthropophagie » au sein de sa famille, l’Eucharistie n’a pas été célébrée au cours des obsèques d’un notable du village Balepouo à Bafou.

Un homme d’un âge respectable de 66 ans est mort. Parce que la famille tenait à lui rendre avec faste un dernier hommage digne des grands hommes, le corps à été gardé à la morgue pendant deux bonnes semaines.

Achat de couronnes et de gerbes de fleurs, agrandissement des photos du défunt, impression de banderoles, tirage de photos au format de posters géants, flockage de tricots à l’effigie du mort, achat de foulards, confection d’une tenue spéciale pour la veuve, choix d’un pagne et confection de tenues uniformes pour les orphelins, les membres de la proche famille et les amis, sollicitation des services des pompes funèbres avec location d’un corbillard, sollicitation des services d’une fanfare, location de chaises et de tentes, pavoisement du domicile du défunt et décoration de la chapelle ardente avec des tenues traditionnelles en batik, approvisionnement des lieux de réception des divers gendres et orphelins en boisson et nourriture, sollicitation des services traiteurs avec couverts, marmites chauffantes et chaises jupées, organisation des femmes en groupes pour la cuisine, installation des commerçants de boissons et de vivres à l’entrée de la concession, etc... Bref, tout y est passé et on pouvait être sûr que le mort aura des obsèques mémorables. Une invitation avait d’ailleurs été adressée au Curé de la Paroisse St-Laurent de Bafou pour dire la messe de recueillement et l’absoute. La chorale « Mgr Albert Ndongmo » avait été mobilisée en tenue des grands jours et avec tous les instruments de musique.

De la morgue de Dschang, le corps a été escorté par un convoi bruyant où les motos se disputaient la vedette avec les voitures. Une fois le corps installé, une «femme qui voit », une femme qui a «quatre z’yeux », une « ndjuissi », une « voyante donc », a débarqué dans la concession et a annoncé que le défunt avait « mangé » des gens et qu’en ce moment, il n’avait pas encore « avalé » ou «ingurgité » tous ceux qu’il avait mangés. Il fallait en urgence ouvrir le ventre du mort et le fendre jusqu’au cou pour « libérer » les infortunés sinon, on n’aura pas assez d’espace dans cette concession pour enterrer les morts qui suivront. C’est ainsi que sans autre forme de procès, la famille a pris peur et a fait appel aux adeptes et pratiquants de l’autopsie traditionnelle pour exécuter la sombre besogne. A-t-on trouvé les personnes mangées et en instance d’être avalées ? Nul ne le saura.

Le Curé de la Paroisse Saint-Laurent de Bagha venu pour la grande veillée du vendredi soir a été gentiment, mais fermement congédié. Le lendemain, jour de l’enterrement, le Curé empêché a envoyé son collègue de la Paroisse Saint-David de Fombet Bassessa pour dire la messe qui avait été demandée par les orphelins dont certains sont élèves au Collège Saint Laurent. Mais le cercueil, proprement cadenassé, a mis la puce à l’oreille de l’homme de Dieu. Ayant eu la confirmation que le corps avait été autopsié, le prêtre a pris le micro pour dénoncer ces pratiques barbares indignes de chrétiens. Poser un tel acte, c’est insulter la mémoire de ceux qui, sous l’égide de la religion catholique, avaient créé le village Balepouo dont le nom signifie « terre de rencontre ». Cautionner un tel acte, c’est ne pas tenir compte de la mémoire de l’évêque du tonnerre, Mgr Albert Ndongmo, natif de ce village et parrain de la chorale qui devait officier ce jour. C’est salir la mémoire de ce papa qui s’est tant sacrifié pour élever ses enfants et même ceux de ses voisins en leur donnant une bonne éducation.

Le prélat a développé à l’attention de l’assistance que Dieu est le seul juge et que nous ne devrions pas nous mettre à sa place pour juger les gens, les condamner et exécuter les sanctions que nous avons unilatéralement décidées contre eux sans même les entendre. Dieu, à qui nous présentons nos morts, saura s’ils ont tué, « mangé » et « ingurgité » leurs frères. Lui seul saura quelle punition leur infliger. Profaner le corps d’un homme, c’est une insulte à la création de Dieu, c’est une insulte à sa mémoire. C’est une infraction, un délit prévu et puni par le Code pénal Camerounais. Toute personne qui a assisté ou a simplement été mise au courant de cette pratique a le devoir et l’obligation d’en informer les pouvoirs publics sous peine d’être considérée comme complice.

Le prélat a demandé au peuple de Dieu de se méfier des « Mejuissi » qui ne méritent pas le nom de « femme de Dieu », mais plutôt celui de « Ndjui Sêta », « Ndjui Mêngueuh koua’h » ou « femme du diable » puisqu’elle est en noce chez lui et lui est fidèle. Cette « Ndjuissi » est juste une semeuse de zizanie et nous savons tous pour quelle chapelle elle prêche.

Si l’Etat réprouve l’autopsie traditionnelle pour des raisons d’éthique, le volet protection de la santé des populations y est important car la manipulation des corps sans aucune mesure d’hygiène expose les populations à diverses maladies. L’Eglise catholique n’est pas en reste et ne peut pas célébrer l’Eucharistie avec ceux qui, par leurs actes, nient l’existence du Vrai Dieu mort sur la Croix pour le salut de tous les hommes.

Ceci dit, le prélat a réemballé ses effets et est parti, suivi par plusieurs chrétiens, les catéchistes et les choristes.

Tous ces préparatifs de deux semaines ont servi à quoi quand on sait que l’absoute n’a pas été donnée à ce presque septuagénaire. Tout le monde s’accorde pourtant à dire qu’il menait une vie simple et n’avait des problèmes avec personne dans sa famille ou dans son entourage. Les seuls péchés mignons qu’on lui connaissait étaient qu’il aimait fumer son éternelle cigarette et boire sa bière. Bien sûr, nous ne le jugeons pas, puisque Dieu seul connaît le cœur de chaque homme.

Cinquante ans après nos indépendances, devrait-on encore parler de barbarie et de sauvagerie ? Devrait-on encore, de nos jours, dire qu’il faut civiliser les sauvages ?

L’autopsie traditionnelle est une pratique rétrograde qui nous interpelle tous, individuellement et collectivement. Bafou.org a publié une étude qui a fait grand bruit sur le sujet et qui a été relayé par plusieurs médias nationaux et par des sites internationaux en Allemagne, en France et au Canada. Elle n’a jamais réglé aucun problème dans nos familles mais a plutôt contribué à créer des failles et des inimitiés inextricables dans les familles. Cette réaction du Curé de la Paroisse Saint David de Fombet Bassessa à Balepouo est à encourager et devrait nous donner à réfléchir.

Deux semaines après cet évènement, un jeune homme de la même famille a été victime d’un accident de la circulation et en est mort. L’Abbé Amédée, Curé de la Paroisse Saint Laurent, a alors demandé à la famille quel était pour eux le résultat de la profanation du corps du précédent mort. S’il était sorcier, pourquoi l’autopsie exécutée n’a pas arrêté la mort de ce jeune homme dans cette famille. Il a tenu à rappeler à cette famille que si elle croit encore à ces « dieux » qui encouragent l’autopsie traditionnelle, la haine, la rancune, la recherche de la facilité, le mensonge, la délation et la sorcellerie elle-même, c’est qu’il faut encore voir quoi faire pour que ces « dieux » entrent dans la civilisation de l’Amour. Malheureusement, il s’agit peut-être des « dieux » qui sont à l’origine de la « sorcellerie » dans leur famille, et il faut renoncer à les servir ou à attirer leur « sympathie », alors qu’ils sont foncièrement méchants. Le curé l’a dit à l’occasion des obsèques de ce jeune enfant, en empruntant des paroles à Jésus, que si les membres de cette famille ne se convertissaient pas, ils périraient tous à la manière de ceux qui étaient morts alors qu’ils étaient entrain de construire la « Tour de Siloé ».

Et l’abbé de s’exclamer, les bras levés au ciel : « A quand la condamnation publique et la répression véritable pour cette pratique ou bien sa valorisation définitive pour un monde globalisé ? Pour changer les mentalités, il faut oser dire les choses telles qu'elles sont. Il faut aider les gens à sortir des ténèbres vers la lumière, de la médiocrité à l'excellence! Trop de modestie finira par les rendre fainéants. J’ai lu dans « Ma part de comédie » d’un patriarche de la Menoua que Bafou est un "village de fous". Je ne suis pas d'accord pour cette appellation. Nous sommes encore des êtres de raison, et je crois que le changement est possible. Ne soyons pas pessimistes. Moi, je crois que Dieu aime Bafou, et qu'il veut qu'ils se convertissent. Il veut qu'ils deviennent "une cuillère de miel" comme les y a invité l'évêque le 26 mai dernier lors de sa tournée pastorale à Bafou. »

« Les enfants de ce défunt papa de Balépouo ne sont pas prêts d’oublier la grave accusation dont leur géniteur a été l’objet. Et les voyants et autres sorcières qui rodent alentour sont prêts à les « aider » en pointant le doigt sur quelqu’un de la famille. Alors, bonjour la mésentente, la rancœur et l’esprit de vengeance. Toutes les forces vives Bafou en commençant par le Chef Supérieur, les notables, les chefs de quartier, les chefs de village et surtout les élites doivent se pencher sur ce problème qui n’honore pas le nom de ce grand village qu’est Bafou ». Telle a été la conclusion du message de l’Abbé Amédée.

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