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Monseigneur Albert Ndongmo, l’Evêque du tonnerre

Le 31 Octobre 2014, M. Jean-Claude Tchouankap, né en 1957 à Bangoua, enseignant d’histoire-géographie-Education à la Citoyenneté et à la Morale au Lycée Classique de Dschang a soutenu une thèse de Doctorat/Ph.D devant le Département d’Histoire de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Ngaoundéré intitulée : « Monseigneur Albert Ndongmo : le religieux et le politique (1926-1992) ».

 

Au terme de quatre heures de débat, le jury a accepté le travail et lui a décerné la mention « TRES HONORABLE ».

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Pour en savoir plus et éclairer la religion de ses internautes à travers cette nouvelle fenêtre ouverte sur l’Evêque du Tonnerre, bafou.org a mandaté son reporter Moho Lekouet Donkeng Cosmas à l’effet de rencontrer Docteur Jean-Claude Tchouankap qui, à la suite de leurs entretiens, nous a autorisé à publier sur notre site, cette version revue et corrigée de l’interview qu’il avait accordée à Vivien Tonfack, représentant du journal La Nouvelle Expression à l'Ouest. Nous retenons en substance ce qui suit :

 

 

Bonjour Docteur Jean-Claude Tchouankap. Pouvez-vous dire à nos internautes ce qui a motivé le choix de votre thème ?

Merci de nous permettre de nous adresser au vaste lectorat de bafou.org au sujet de cette thèse que nous avons soutenue auprès du Département d’Histoire de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Ngaoundéré le Vendredi 31 Octobre 2014.

Trois raisons fondamentales ont conduit à la décision de consacrer une thèse sur Monseigneur Albert Ndongmo :

ØD’abord, le sujet, que j’ai abordé en thèse, se situe en droite ligne de mes préoccupations de recherche en Histoire politique depuis 1985 à l’Université de Yaoundé, mais surtout à partir de 1988 lorsque j’effectue mon entrée à l’Ecole normale Supérieure, filière Histoire. L’obligation académique de rédiger un mémoire de DIPES II m’offre l’opportunité de ressusciter une thématique en veilleuse dans mon esprit depuis 1985, année de Licence. C’est une thématique qui repose sur l’histoire de la résistance à l’ordre colonial. Il se formule comme suit : « Relations entre le Rassemblement Démocratique Africain et les sections locales satellites : le cas du Cameroun (1946-1955) ». En fait, dans ce travail, il était question de remonter la pente de l’histoire et de retrouver les liens historiques entre le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) créé à Bamako en 1946 à l’initiative du Député Félix Houphouët-Boigny de Côte-d’Ivoire et l’Union des Populations du Cameroun, créée le 10 avril 1948 et qui deviendra la Section camerounaise du RDA en 1949, et qui est, plus tard, dissoute par le Gouvernement français le 13 Juillet 1955.

ØEnsuite, lorsque je reprends les études universitaires en 1997 à l’Université de Ngaoundéré, je rédige un Mémoire de Maîtrise en histoire sur le thème : « L’UPC et l’évolution politique du Cameroun (1948- 1991) ». C’est la continuité de mon mémoire de DIPES II.

ØEnfin, à la suite de la promotion qui a précédé la mienne en 1997et qui a travaillé sur les biographies en Maîtrise, j’ai suivi en thèse avec comme personnage et acteur historique Monseigneur Albert Ndongmo, Évêque de Nkongsamba. Parce que, toute sa vie durant, Séminariste, Prêtre, Evêque, il a, comme tout bon acteur de l’histoire, tracé de larges sillons sur les boulevards de l’histoire du Cameroun, Monseigneur Albert Ndongmo a fait bouger les lignes de l’histoire du Cameroun tant dans le domaine du religieux que dans celuidu politique. La secousse a été d’une « violence » telle que le politique et le religieux ont associé leurs efforts pour mettre hors d’état de nuire l’empêcheur de tourner en rond. Il fallait rendre compte historiquement. J’en donne les raisons et les stratégies dans la troisième partie de la thèse intitulée : « Le chemin escarpé du Golgotha : l’arrestation, les procès, l’exil et la mort ».

C’est dans cette partie que j’évoque l’émergé et l’immergé du double procès de Yaoundé, le rôle du lobby colonial français, l’attitude trouble du Vatican et les griefs personnels du Président Ahmadou Ahidjo à l’égard de Monseigneur Albert Ndongmo. C’est dans ce registre que se trouvent logées les lointaines origines politico-religieuses des procès qui ébranlèrent la République du 26 décembre 1970 au 05 Janvier 1971 et qui ont pour noms : la ligne éditoriale du journal Essor des Jeunes créé par Albert Ndongmo en 1960 pas toujours très favorable au régime de Yaoundé, le comportement « audacieux et vantard » d’Albert Ndongmo dans l’« Affaire du Train de la mort » en 1962, et l’opposition énergique d’Albert Ndongmo (et de Monseigneur Thomas Mongo de Douala) au projet gouvernemental de l’« Etatisation des écoles catholiques » énoncé en 1965 au sortir du Concile Vatican II. A cela viennent se greffer les préoccupations gouvernementales sur les initiatives du nouvel Evêque relatives à la « Construction sur le Mont Nlonako à Nkongsamba du Sanctuaire du Dieu de la Paix », l’opposition Ahidjo-Ndongmo au sujet du « cadi chien noir », la quête financière en faveur de la République du Biafra initiée dans le Diocèse de Nkongsamba sur la demande du Vatican à contre-courant de la position du Gouvernement Ahidjo qui soutient le Gouvernement de Gowon en place à Lagos et enfin la mise sur pied de la Société Mungo-plastique qui est venue tout compliquer.

 

 

Au-delà de Monseigneur Albert Ndongmo, qu’est-ce que votre thèse apporte de neuf à la connaissance de l’histoire du Cameroun, de l’Afrique et des relations entre l’Eglise et l’Etat ?

Je vais d’abord saisir l’opportunité de cette question pour dire ce que signifie la biographie en histoire. La biographie est la branche qui étudie l’histoire à travers les actes posés par le personnage au centre de l’étude. L’acteur de l’histoire devient la clé d’entrée dans l’histoire.

Or, par rapport à l’historiographie camerounaise, il se dégage aujourd’hui une nette préoccupation d’une relecture en vue d’une réécriture de l’histoire du Cameroun à partir des acteurs historiques dont les fécondes contributions ont, de manière significative et irréversible, influencé le cours de l’histoire du pays.

Les recherches, que j’ai effectuées en vue de la rédaction de cette thèse, m’amènent à la conclusion que Monseigneur Albert Ndongmo appartient à cette catégorie d’acteurs historiques.

-       En ce qui concerne l’histoire du Cameroun, la thèse permet de revisiter plusieurs points de l’histoire de notre pays. On peut citer à titre d’illustration :

·      Les lointaines et profondes origines de l’« Affaire Ndongmo-Ouandié » qui va défrayer la chronique judiciaire au Cameroun en 1970-1971

·      La place de la caféiculture dans le processus de la naissance du nationalisme camerounais

·      Le rôle trouble de l’Eglise Catholique face à la montée du nationalisme au Cameroun

·      La caféiculture et la politique de la circulation de la main-d’œuvre au Cameroun

·      Le développement économique du Cameroun et l’expansion territoriale de l’UPC

·      Comment lire et comprendre le « Mémorandum » des prêtres autochtones de l’archidiocèse de Douala intitulé « Un éclairage nouveau sur la situation qui prévaut dans l’archidiocèse de Douala » ?

- Par rapport à l’Afrique, on peut relever les repères historiques suivants :

* Les raisons historico-politiques du mouvement impérialiste européen en Afrique et ses répercussions

* La conjugaison des 3M (Missionnaires-Marchands-Militaires) et l’exploitation de l’Afrique

* La question des biens au sein de l’Eglise et l’expansion spatio-temporelle de l’Eglise en Afrique

La thèse sur Monseigneur Albert Ndongmo remet au goût du jour le sempiternel conflit entre l’Eglise et l’Etat. Si l’Eglise, quelle qu’elle soit, exerce sa vraie mission sociale et morale, elle ne peut qu’être en conflit avec l’Etat. La raison est que les deux entités ont pour terreau commun, l’homme. Mais seulement, elles n’ont pas sur l’homme, un regard et une philosophie communs. D’où généralement le clash. C’est pourquoi Mongo Béti condamne avec véhémence l’Eglise catholique qui accompagne l’Europe impérialiste dans sa campagne colonialiste en Afrique, contribuant ainsi à l’exploitation et à la paupérisation des peuples qu’elle a pour mission de sauver de la misère. Il faut lire à ce sujet l’historique discours du roi des Belges aux missionnaires en partance pour le Congo (cf. document joint ci-dessous).

Il s’agit de cette Eglise – là dans l’« Affaire Ndongmo-Ouandié » dans sa version « Société Mungo-plastique ». En déclarant à Rome (Capitale) qu’il était redevable à Rome (Vatican-Eglise) pour les questions doctrinales et non sur les politiques économiques à appliquer dans le Diocèse de Nkongsamba, Monseigneur Albert Ndongmo a attiré sur lui les foudres du Vatican. L’impérialisme ecclésial, qui s’abat sur Monseigneur Albert Ndongmo, prend effectivement corps au sein de l’Eglise Catholique romaine au 11ème siècle avec le Pape Grégoire VII qui, sevré des approvisionnements alimentaires en provenance de Constantinople, décide que la Papauté, pour assurer sa survie, doit s’étendre hors de Rome, faire main basse sur tous les biens au sein des Eglises locales, afin d’imposer la puissance papale et enfin empêcher l’émergence de « petits vaticans » au sein de lachrétienté catholique. Illustration : installé sur la vaste Région du Mungo, productrice de plus de 40% de la richesse nationale, le Diocèse de Nkongsamba avec à sa tête un Evêque de l’envergure d’Albert Ndongmo et une industrie, la Société Mungo-plastique, faisait figure de dissidence, et était en train d’entonner une chanson de l’indépendance aux notes musicales mal appréciées à Rome. D’où l’urgence qu’il y eut à faire taire cette mauvaise symphonie en provenance de Nkongsamba.

Cette Eglise-là s’est associée à l’Etat pour pousser au loin les frontières de l’impérialisme pontifical missionnaire et colonial. Je peux m’étaler à l’infini sur le sujet puisque c’est l’épicentre de la thèse que j’ai consacrée sur Monseigneur Albert Ndongmo, évêque de Nkongsamba.

Ceux qui auront l’opportunité de consulter ce travail, sans arrière-pensée tribale, sans préjugé colonial ou néocolonial, comprendront que des personnalités comme Albert Ndongmo sont rarissimes. Mais, à l’exemple de Monseigneur Joseph Albert Malula, Archevêque de Kinshasa, Monseigneur Raymond-Marie Tchidimbo de Conakry, Monseigneur Dom Helder Camara, Archevêque de Recife au Brésil, elles ont eu l’audace de se présenter en boucliers contre la théologie de la colonisation développée à partir du 16ème siècle en Europe. 

En 1963, un an avant d’être nommé Evêque, l’Abbé Albert Ndongmo déclarait au journal français d’obédience catholique La Croix ce qui suit : « L’Etat croit que nous devons prêcher un christianisme désincarné. Parler des anges, du ciel, sans toucher les réalités de chaque jour. Or, l’évangile de Jésus-Christ s’insère dans la vie de l’homme engagé dans la profession, la famille, la politique, et le syndicat ». C’est tout dire.

Deux extraits de l’allocution du sacre présentent Monseigneur Albert Ndongmo tout debout, clairement orienté vers la mission de toute sa vie qui fut celle de lutter en faveur d’une certaine indépendance de l’Eglise catholique qui est en Afrique, qui est au Cameroun vis-à-vis de Rome. « L’Evêque a donc comme mission de rappeler aux hommes, à temps et même à contretemps, d’une manière ou d’une autre, cette double exigence : les croyants, les chrétiens sont en même temps citoyens du ciel et citoyens de la terre…

Ce rôle de l’Evêque est éclairant, il permet de comprendre certaines interventions des Evêques dans les questions d’ordre temporel. L’Eglise ne peut conduire les hommes au ciel comme si la terre n’existait. Car, si sa mission est avant tout surnaturelle, elle ne peut évangéliser  les hommes dans l’espace, dans la lune, sans avoir les pieds sur la terre, sans inclure dans sa vision le conditionnement concret des personnes, les systèmes, les institutions, les structures qui paralysent la montée des enfants de Dieu »

Monseigneur Albert Ndongmo, depuis le Grand Séminaire, avec sa « guerre du taro », s’est toujours opposé à ce que l’Abbé Bernard Nkuissi qualifie de « Oui-mon-périsme colonial et infantile ». Il a, par des actes, confirmé les propos du Père Engelberg Mveng selon lesquels, « On ne peut pas lire la Bible en Afrique, fût-on juif, comme on la lirait sur les bords du Jourdain ». En conclusion provisoire, Monseigneur Albert Ndongmo appartient depuis de longues années au courant qui revendique l’urgente nécessité de « repenser la théologie africaine » selon les expressions du théologien Jean-Marc Ela, de regrettée mémoire, dans le sens d’un nouveau discours de refondation de nouvelles valeurs relatives à l’émancipation de l’Afrique. Parce que, plus que jamais, il s’agit de « sortir l’Eglise d’Afrique de sa captivité babylonienne ».

A Suivre …

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